Une heure avec « Dans la barque amarrée » de Pierre Bastide, avec 13 photos de l’auteur, éd. Le citron gare,
http://lecitrongareeditions.blogspot.fr/2014/12/dans-la-barque-amarree-de-pierre-bastide.html
C’est un type au début il a pas tout son esprit et il fait voguer un mégot dans le caniveau. C’est poétiquement rimbaldien genre bateau frêle comme papillon de mai. A la fin, il va boire un coup sur une barque. Il fait nuit mais un chat noir éclaire la scène. Entre temps il explique des trucs genre « La littérature commence là où l’on n’appelle pas un chat un chat…» rejoignant en cela Chloé Landriot (cf une heure de poésie 60). En fait ça m’a turlupiné cette histoire au point que je suis allé demander leur avis sur la question à mes chats, Chausson et Noisette, que la question ne semblait pas intéresser particulièrement. Devant mon insistance, ils m’ont conseillé la lecture de la page 12 du « choix des mots » de Clément Rosset (éd. de minuit, 1995), philosophe dont ils sont particulièrement friands : « Le fait d’écrire, outre le labeur exorbitant qu’il implique, comporte également un risque de dommage sérieux pour la réputation de l’auteur. Car c’est un des effets les plus curieux mais aussi les plus fréquents du passage à l’écriture que d’amplifier et décupler la médiocrité de propos ou de pensées qui, exprimés oralement et sous forme de conversation, peuvent fort bien « passer », apparaître même comme assez fins et justes. Je ne me suis jamais clairement expliqué la nature de ce mécanisme impitoyable qui transforme presque à tous les coups, du seul fait de la transformation de la chose parlée en chose écrite, une réflexion qui semble originale en platitude piteuse, une remarque qui semble pénétrante en trivialité, une idée qui semble intelligente en sottise, et ainsi de suite, – bref, qui transforme le plus souvent un homme intelligent, lorsqu’il n’écrit pas, en homme borné, lorsqu’il entreprend d’écrire. Je me contente donc de mentionner le fait sans l’expliquer, laissant à d’autres, s’ils en sont capables, le soin d’élucider le mystère. »
- Bon le blogueur, je suppose que ça s’applique aux blogueurs qui lisent des bouquins en diagonales et prétendent en rendre compte publiquement.
- Ben oué
- Et le bouquin de Pierre Bastide qu’est-ce que tu en dis ?
- Ben il est très bien, avec cet esprit vif et un peu fou comme tous les bouquins publiés par Patrice Maltaverne
« mais on peut aimer l’esprit vif / autant que la chair fraîche / qui veut avoir de la gueule / touche le fond tu verras / tout ce qui est en bas est bon à dire / même si ça ne porte pas jupon / à bon entendeur ça se lit / même si ça tache un maximum / de blanche vierge au passage / je parle de la page évidemment / la littérature commence par là / où tu mets tes sales pattes / de méchant loup là où / je ne veux pas dire ça du tout / à bon lecteur salut. »