Le catalogue Gros Textes a migré ici : https://sites.google.com/site/grostextes/.
Cette semaine j’ai lu du belge en powésie :
« Le violon pisse sur son powète » d’Eric Dejaeger, éditions Les Carnets du Dessert de Lune,
http://www.lautrelivre.fr/eric-dejaeger/le-violon-pisse-sur-son-powete
« La powésie est à la littérature ce que le charlatanisme est à la science. »
« Si un powète te cherche, cache-toi du mieux que tu peux. » Histoire de se faire des amis dans un certain milieu…
Microbe n°93, revue réalisée sans hormones de croissance !, janvier-février 2016.
http://courttoujours.hautetfort.com/sport/
Et une excellente cuvée que ce 93. « Si l’infirmière vous dit : / Et maintenant on va prendre une douche / Cela ne veut pas dire / Qu’elle va se déshabiller / Et prendre une douche avec vous / Cela veut dire / Que vous êtes vieux » (Sammy Sapin)
Ou encore « Soyons heureux, que diable !
« T’es à l’hosto, tu vas mourir. Ça arrive à tout le monde.
*
Tu cherches l’amour ? Tu le trouveras au milieu des concombres et des navets. Des figues et des amandes ? Aussi, mais tu auras besoin d’une échelle. » (Marc Bonetto)
Et je ne dis rien de la bataille d’aphorismes sur papier entre Stas, Querton, Guiot et Dejaeger…
Et en bilingue et écrit à quatre main par Catfish McDaris et Eric Dejaeger, Rock’n’roll poetry, Poésie rock’n’roll avec pour chaque poème deux contraintes, le délire et une référence à la musique. Et ça t’a un délicieux air d’un autre âge genre vinyle qui grésille grave mais qui fout la joie de même « Billy-le-Montagnard appris la mauvaise nouvelle / d’un poste à galène démodé & il tronçonna / un coquelicot dans lequel il façonna une flûte / traversière il se mit à jouer un blues rouge sang »
Cette semaine j’ai fabriqué :
Pleines lucarnes de François-Xavier Farine et Thierry Roquet.
https://sites.google.com/site/grostextes/
Et voilà que Gros Textes sort un recueil hommage au foot, cette propagande ininterrompue pour l’abrutissement, la vulgarité, la régression intellectuelle et l’infantilisation des masses populaires avec en prime une préface de ce grand couillon de Jean-Michel Larqué. On m’aurait dit ça il y a quelques années j’y aurais pas cru. Pourtant quand j’ai lu le manus des deux zigues, je me suis revu minot de Marseille du temps où mes héros s’appelaient Josip Skoblar, le butteur foudroyant, Magnusson, le dribleur de génie ou Jean-Paul Escale, le gardien qui passait parfois en voiture de sport dans ma rue (c’était au tout début des années 70). Il y a quelque chose d’émouvant à l’évocation de ces personnages vite oubliés : « Didier Christophe, un colosse aux cheveux longs, hirsute et nonchalant, – sur le terrain, chaussettes toujours baissées –, look de hard-rocker : à peu près rien à voir avec les stars adulées du moment. / Et pourtant, le ballon dans les pieds, il faisait des miracles, soulevant l’approbation du public qui n’en revenait pas et en fit son chouchou. / Frappe de balle, jeu de tête et engagement le rendaient merveilleux. / Ce Quasimodo du football moderne était en réalité, pour le petit peuple des supporters lillois, un ange tombé du ciel qui rendait grâce au ballon rond. »
Bon j’ai quand même relu « Eloge de la passe » aux éditions libertaires dans la foulée : http://editions-libertaires.org/?p=412
J’ai fabriqué également pour le compte des Tilleuls du Square :
L’amer allé avec le soleil de Marie Monguet dont on a un aperçu ici : https://sites.google.com/site/lestilleulsdusquare/
Un recueil de nouvelles en prise avec notre époque avec de ci de là des incursions en lisière de science-fiction. Cruel parfois, mais aussi engagé, drôle et ironique souvent.
J’ai lu avec jubilation les deux premiers romans des chemins de la liberté de Sartre, L’âge de raison et le sursis. « Le malheur c’est que nous sommes libres », on est dans la suite de la nausée avec ces personnages en dérive dans des vies trop grandes dans l’âge de raison « Il faut avoir le courage de faire comme tout le monde, pour n'être comme personne. »
Le sursis se passe la semaine ou furent signés les accords de Munich en septembre 1938. Le rythme et la construction du roman sont étonnants, on retrouve les mêmes personnages noyés dans le flot de l’histoire et l’urgence de faire quelque chose car le temps presse et qu’il risque de s’interrompre.
« Ce n’est pas une question de nombre, dit Mathieu. Elle n’est pleine que d’elle-même, personne ne lui manque et elle n’attend personne. Elle continuera à n’aller nulle part et les même hommes se poseront les mêmes questions et raterons les mêmes vies. Jacques le regardait en souriant, pour montrer qu’il n’était pas dupe : - Et où veux-tu en venir ? –Eh bien justement, à rien, dit Mathieu. »
Cette semaine je me suis demandé ce qu’avait bien pu devenir Kevin Coyne, le rocker dépressif alcoolique, clochard, un peu fou (« mieux être fou que triste », il avait été infirmier psychiatrique), tour à tour génial et pitoyable que j’aimais écouter quand j’avais 20 ans, sans doute un écho du rock’n’roll poetry cité plus haut. Il est mort en 2004 d’une fibrose du poumon. Ses textes évoquaient les laissés pour compte, les éclopés de la vie, les égarés de la normalité, de façon brute et directe sans message à délivrer, juste témoigner et crier : « La grosse fille s’en est allée / Elle a l’intention de se suicider. » (Fat girl)
« Je vais à la maison sur la colline / L’endroit où l’on vous donne des pilules / Où l’on vous donne trois costumes par an / Et à Noël une bouteille de bière / Où les vieilles dames assises le long du mur du jardin / N’entendent jamais le chant des oiseaux / Ni ne remarquent les feuilles qui tombent / Car elles sont toutes folles / C’est drôle, si drôle que ça m’en fait pleurer / Si drôle, oh mon dieu, que parfois je voudrais mourir… » (House on the Hill)
« Un vieil homme entouré de ses livres / Sa table de nuit croule sous le poids des vieux journaux / Quinze chats grattent à sa porte / Et toute cette saleté qui jonche le sol / Vous avez raison, Madame Dupont / Vous le savez bien, Madame Durand / C’est un fou ! » (Lunatic)