Le catalogue Gros Textes a migré ici : https://sites.google.com/site/grostextes/.
Cette semaine, j’ai fait cette conférence (bien grand mot peut-être) sur la poésie contemporaine à la BDP de Gap en compagnie de Sophie Braganti en résidence actuellement dans le coin et joué le spectacle Gros Textes « L’espace d’un soupir » (musiques de Dominique Oury) dans la foulée.
J’ai lu Microbe 94, la revue qui est tout sauf de la revue, http://courttoujours.hautetfort.com/sport/
« … Il attendait d’écrire. L’éditeur trépignait. L’imprimeur faisait les cent pas. Les libraires en avaient la gorge sèche. Et les lecteurs… les lecteurs étaient à l’agonie.
Il attendait d’écrire.
Mais grand dieux, qu’attendait-il… »
(Marc Menu)
Cette semaine j’ai mis la dernière touche à mon recueil « Il faut repeindre le moteur » dont je suis à la fois auteur, éditeur, imprimeur, difuseur, libraire et lecteur, c'est dire si je trépigne. Sortie début avril normalement.
« IL FAUT REPEINDRE LE MOTEUR
Allons recouvrir l'horizon d'un mouvement lent de mâchoires, ruminants que nous sommes. Un chemin de mousse serpente sur ce versant. Tu as fait une belle promenade en compagnie des vaches. Maintenant tu rumines, tu laves la mémoire. Tu repasses les impressions froissées. Tu t’en vas germer dans un couloir très sombre, tu maquilles la douleur au fard des belles résolutions, tu lessives l'espérance. L'abîme cogne contre le château des évidences; et toujours contre ce château, tu dresses des soirs de brume, les chaussures de la pesanteur, l'alcool des nuits illisibles, le balancement d’un squelette, la fleur d'ennui qui poétise le tourment. Ton chant casse la croûte dans la bouche des ruminants, s'imbrique à l'œuf sidéral. À chaque ligne c'est comme si tu dictais tes dernières volontés. Tu remplis le petit cochon rose, la tirelire des instants à paître paisibles et repus. Le moteur tourne en harmonie avec le désir. On a bien oublié un sac d’affaires dans une chambre ou une gare mais... C’était il y a longtemps. Il y a très longtemps. Les jours s'en vont toujours sur un chemin pavé d'amphores perdues au fond des draps. »
J’ai relu Baleine de Paul Gadenne en pensant à une amie qui vient de perdre sa maman.
Une étonnante nouvelle d’un auteur qu’on aurait tort d’oublier. Un texte tout en délicatesse et sensibilité, dense et poétique autour du cadavre d’une baleine blanche échouée sur une plage.
« Ce blanc aurait pu être celui de certaines pierres, dont l'effort vers la transparence s'est heurté à trop d'opacité, et dont toute la lumière est tournée vers l'intérieur. Mais on distinguait, par endroits, des tâches d'un vert fondant et, prés de la tête, des serpentements mauves ou bleu ciel, fort subtils, qui disaient bien leur appartenance. Les teintes de la mort sont exquises: parfois nous croyions voir s'entrouvrir une rose. Devant cette chose qui ressemblait plus à un catafalque qu'à une bête morte, devant ce monument orné de signes délicats, qui viraient ça et là au colchique ou à la violette fanée, nous étions pris d'un doute- à quoi s'ajoutaient par moments, d'une façon bien inattendue, la sorte d'inquiétude qu'on ressent au chevet d'une personne malade. »
Et bien sûr mercredi on manifestait dans les rues d’un peu partout.