Et retour sur la mort de Michel Merlen à qui un épais dossier est consacré. Poète de la ferveur et du mal de vivre, des éclipses, de la fragilité et des existences criblées de trous, « Alors j’ai ramassé mes hardes, mes livres. Avant de partir on m’a fait signer une décharge… »
Une heure avec « Ciel de lune » de Saïd Mohamed, éd. L’Arganier, collection rives sud. (encore plus mal référencé que Gros Textes sur internet, j’ai pas trouvé de site mais il est à 1,56 € sur PriceMinister – quelqu’un qu’a pas dû aimer).
C’est un type, il se marie mais il se trompe, il se marie pas avec la bonne bonne femme, du coup il en chie. Bon il est certainement pas le seul à qui ça arrive ce genre de chose et c’est toujours plaisant de voir les autres en chier. Du coup je conseille ce livre comme tous les livres de Saïd Mohamed car s’il n’est pas très fut fut pour choisir les bonnes femmes, c’est un excellent écrivain, enfin je veux dire touchant d’humanité, le genre qui va pas reculer devant une image éculée comme dans la vie, comme au bistrot quand on en est à son troisième verre, mais qui sait montrer la vérité de nos faiblesses, nos failles, nos douleurs avec ce qu’il faut de distance et d’ironie, bref quelque chose qu'on se rend compte que c'est pas si fréquent, l'authenticité. (Elle est un peu lourde et creuse ta phrase, tu crois pas le blogueur?)
Et puis Saïd, il est bientôt au catalogue de Gros Textes. Et puis c’est un bon gars. Certes pas très futfut avec…
« Moi aussi j’y croyais encore au rêve de la belle princesse, mais il a fallu me rendre à l’évidence. »
(- Elle est pas terrible ta citation, tu crois pas le blogueur ? Tu crois que c’est ça qui va donner envie d’acheter le bouquin ?)
Une heure avec « Journal du houx vert et de la bruyère » de Patricia Cottron-Daubigné, Gros Textes, 2005.
C’est après avoir lu un dossier consacré à Patricia Cottron-Daubigné dans le dernier numéro de Décharge que j’ai eu envie de me replonger dans cet ouvrage publié il y a une douzaine d’année.
C’est une femme, son père est mort. Elle dit ce qu’elle ressent. C’est un des livres les plus forts que j’ai publié, enfin un qu’à n’importe quelle page, il me fait venir la larme à l’œil. Sur les 300 que j’ai imprimés, il en reste quelques-uns. N’hésitez pas à le commander, il ne coûte que 6 € (+ 1 € de port). Sur le site, il est juste cité dans « poèmes du temps jadis ». Faudrait que je fasse quelque chose.
"Je ne suis pas partie dans les pâleurs de l’aube. J’ai vu l’or du couchant et senti le mal dans mon dos à creuser le terreau humide, j’ai sali mes mains dans cette terre lourde et épaisse. Bruyère d’automne, j’ai acheté deux petits pots chez Leclerc, je les ai mis dans un pot plus grand. J’ai ajouté de la terre, la terre du compost que nous fabriquons dans un coin du jardin. Tu nous avais appris. Voilà mes bruyères, pour toi, je les ai placées sur le vieux puits, mauves, je les vois de la cuisine, la grande pièce à vivre,
Et tout jeter, la bruyère les poèmes et soi
plein de terre
papa est mort"
Et cette chanson d'Eric Frasiak pour faire ton sur ton...
C’est un type en fait il aurait aimé plein de trucs. C’est banal me direz-vous. Mais Massot pour faire le malin, il ajoute une espèce de jeu de mot qui fait mouche à tous les coups, « J’aurais aimé être un tas de feuilles mortes emportées par le vent de l’histoire ». Ça a un nom la technique exercice de style très prisés dans les ateliers d’écriture et pas que où on commence toutes les phrases par les mêmes mots. J’ai oublié.
Une partie des phrases a été publiée en 1997 puis en 2003. Il y a quelques pages d’inédits « J’aurais aimé être une valise qui se fait la malle sans laisser de consigne. »
Une heure avec « C’est avec mains qu’on fait chansons » de Lyonel Trouillot, éd. Le Temps des Cerises.
C’est un type, il sait pas s’il fait de la poésie ou s’il fait des chansons. En fait je crois qu’il se pose trop de questions sur la quatrième de couverture, disons qu’il écrit des trucs avec des mots qu’on dirait souvent que ça parle de sa vie que des fois on comprend où il veut en venir et des fois on comprend moins mais bon c’est peut-être ça la différence entre chansons et poésie. Enfin je dis ça j’dis rien.
« Tu diras : « Où allons-nous ? » Et je ne saurai pas quoi répondre, prisonnier de l’hésitation. Pourtant je connais la ville comme ma poche. »
« Pendu / j’ai cru noyer mes cordes / mais le vent est parti sans moi / mon miroir a gardé sa gueule de pendule // dans mon crâne du tic au tac / je sens le balancement débile / d’un cadavre républicain »
C’est un type, il fait du tourisme à Amman, capitale de la Jordanie et ville pas trop belle à ce qui paraît. Du coup il regarde le ciel. Il y a des cerfs-volants et des feux d’artifice. Des fois, il boit un café ou se grille une cigarette.
« Un Américain, en regardant les pigeons voler me demande :
C’est un type, il entend du bruit dehors. Il sort mais il voit pas bien ce que c’était, du coup il se pose des questions et ça fait un livre. Des fois il y a des oiseaux aussi. Mais pourquoi la table dans le titre ? Pour poser le livre je suppose. Et puis la table est en bois et les oiseaux ils vont dans les arbres. Logique.
« Il demande : qu’espère-tu ici / quoi / bâtir où / dans l’à peu près du dehors / avec ça : des bouts de bois / des feuilles…/ - je travaille où se recueille le possible / dans l’âtre près des flammes / mais je voyage tout au fond / dans l’inaperçu »
Journée festival « A livres perchés » à Lardier (c’est à une vingtaine de km de Gap) et vendu en bouquinerie (entre autres) les deux bouquins de Juan Rulfo que j’avais sur le stand « Pedro Paramo» et « Le Llano en flammes ».
Je me suis souvenu avoir lu l'hiver dernier le premier et pris quelques notes dans un carnet. Une histoire de promesse à la mère mourante et de quête qui s’en suit dans un Mexique à la Sergio Leone avec villages dans le désert, vent qui soulève le sable et âmes errantes, fantômes probables. Un livre emblématique dit-on de la littérature sud-américaine que l’on dit baroque. Impression d'être en face d'une oeuvre importante. Les citations dans mon carnet :
« - De quoi s’agit-il ? – De gens que je ne connais pas. Dans ce cas, inutile de te creuser la tête. Ils n’existent pas. »
« C'est la volonté de Dieu ; il faut toujours que les choses tournent autrement qu'on le voudrait. »
« - Et à propos, que devient ta mère ? - Elle est morte, dis-je. - Déjà morte ? Et de quoi ? - Je ne sais pas. Peut-être de tristesse. Elle soupirait tout le temps. - C'est mauvais ça. Chaque soupir est comme une gorgée de vie qui s'en va. »
Une heure avec « Les Samothraces » de Nicole Caligaris, éd. Mercure de France.
Partir, ok. Quand tu aimes il faut… Sauf que là, pas toujours, entre nécessité et nouvelle chance, un livre sur l’exil poétique et abstrait, intemporel et universel. Domine le ballottement, l’angoisse et la douleur, l’attente sans fin et les espoirs forcément décus, les questionnements qui font chavirer l’esprit, les corps poussés aux limites, les repères qui s’estompent, les cars bringuebalants et les bateaux qui craquent de toutes parts, la fatigue infinie, le bout des forces et quand enfin on touche au but, quand on est arrivé, dernière ironie, pied de nez du destin : « Maintenant, les vrais emmerdements commencent : c’est là ».
Je m'efforce d'insérer dans ce blog les annonces des publication des éditions associatives Gros Textes, des billets d'humeur et des chansons de ci de là. Ceci n'ayant rien d'exhaustif.
pour commander des livres
Si des ouvrages présentés dans ce blog vous intéressent, vous pouvez les commander en envoyant un chèque correspondant à la somme indiquée (+ un forfait port de 1 €) à l'adresse des éditions
:
Fontfourane
05380 Châteauroux-les-Alpes
pour tout renseignement complémentaire (conditions d'envois et de remises pour les libraires, collectivités...), vous pouvez écrire à gros.textes@laposte.net
Également Chez Gros Textes - Catalogue
bouquinerie
Les pages ventes par correspondance sont en chantier.
Nous allons tenter dans les semaines qui viennent de proposer à la vente à partir du blog certains livres de notre épicerie littéraire.
Pendant le chantier, si vous tombez sur un bouquin que vous cherchez, vous pouvez envoyer un mail à gros.textes@laposte.net, et on vous dit comment
faire.
