Que naissait John Keats en 1795. Enfin un peu à la louche pour le jour. Les gens mourraient souvent autour de ce poète romantique. Lui-même ne fit pas de vieux os. C’est raccord une veille de Toussaint :
« Lorsque me vient la peur de pouvoir cesser d’être / Avant que ma plume ait glané mon futile cerveau, / Avant qu’en haute pile les livres, imprimés, / Enserrent, greniers pleins, la récolte bien mûre; / Lorsque sur la face étoilée de la nuit j’aperçois / Les immenses symboles nuageux d’une grande épopée, / Et pense que peut-être je ne vivrai pas assez / Pour en tracer les ombres de la main magique du hasard; / Et puis lorsque je sens, belle créature d’une heure, / Que sur toi mon regard ne se posera plus jamais, / Que jamais plus je ne goûterai au pouvoir féérique / De l’amour sans souci; alors sur le rivage / Du vaste monde, seul je demeure et songe / Le temps qu’Amour et Gloire s’abîment au néant. »
Ce matin en passant devant la grille d’info de mon village, que j’appelle volontiers la « céquiquémort », j’apprends que je ne verrai jamais plus mon voisin. Il demeurait quelques maisons plus haut dans le hameau, un petit monsieur un peu âgé dont je ne savais à peu près rien, sinon qu’il venait de Marseille, probablement maçon, il s’était construit une maison à côté de chez moi, me saluait avec un grand sourire et un regard rayonnant de brave homme chaque fois qu’il me croisait. Nous parlions brièvement de tout et de pas grand-chose ou peut-être que si au fond, et nous nous souhaitions une agréable suite de journée. Et nous nous séparions ainsi chacun contemplant son paysage.
Tiens une vieille chanson de Leny Escudero