Une heure avec un des premiers livres de Denis Grozdanovitch, petit traité de désinvolture, éditions José Corti. De cet auteur, découvert à travers les articles dans la revue « Le grognard » de Stéphane Beau, j’avais survolé « De l’art de prendre la balle au bond » qui avait bousculé mon regard à priori hostile sur le monde du sport (l’auteur fut joueur de tennis professionnel parait-il).
Ici, une trentaine de textes courts entre la prise de note et la chronique m’ont inégalement captivé. Je retiendrai pour rendre compte de cette heure, l’évocation de la mort du chat Perdita qui m’a rappelé celle du chien Karénine dans l’insoutenable légèreté de l’être de Kundera. Ces histoires de disparitions de nos animaux de compagnie me bouleversent à chaque fois autant dans la littérature que dans la vie. Grozdanovich donne une piste d’explication :
« Ce n'était pourtant qu'un simple chat, me direz-vous ! Oui, bien sûr. Mais n'est-ce pas précisément la muette fragilité du lien qui nous rattache à nos compagnons animaux, qui fait que lorsqu'il se rompt, nous nous sentons touchés au plus secret du cœur ; d'une curieuse façon en vérité, toute différente mais pas moins vive qu'avec les humains ? Et puis ce sentiment puissant, soudain, d'être en prise directe, sans artifice consolateur, avec la matière même du néant ! De nous sentir investis d'une extravagante et dérisoire mission : sauver de l'immense oubli une mince, évanescente, identité féline !... »