Une heure avec « Milo » de David Bosc, éditions Allia.
L’image de couverture n’a rien de folichon mais sur la quatrième cette simple phrase a titillé ma curiosité : « Si ma tristesse est une chemise, je ne la remets pas. » Et j’ai découvert un roman fort à mon goût au style somptueux.
C’est l’histoire d’un banni, laissé pour compte, squatteur semi clodo, qui revient sur les lieux de ce qui aurait pu être une enfance et tente d’y survivre. La survie, c’est bien toute l’affaire, un peu comme chez Beckett (Murphy, Mercier, Molloy, Malone) avec le même type de densité oppressante jusqu’à en devenir hallucinante voire comique. On avance dans un monde de poupées de chiffon en retenant le cri de l’enfant, en faisant diversion en récupérant des trucs à la décharge et en observant les frères humains. En sifflotant de la sagesse également dans les pires moments : « Milo fredonne une comptine, il se rassure, il reprend pied // Rondin, picotin, la Marie a fait son pain / Pas plus gros que son levain / Son levain était moisi / Et son pain tout aplati / Tant pis. // Une comptine, c’est une arme de héros. C’est toute l’essence du courage antique. »