Une heure avec Michel Merlen dont un mail de Claude Vercey vient de m’annoncer le décès. Michel Merlen c’était pour moi 3 ou 4 lettres, à peu près autant de coups de fils, un nom que le bouquiniste que je suis retrouve des quantités impressionnantes de fois dans les revues des années 70, un livre chez Gros Textes en duo avec Catherine Mafaraud-Leray,
https://sites.google.com/site/grostextes/publications-2012/mafaraud-catherine-merlen-michel, un poète discret et essentiel, exigeant à la façon d’un Robert Momeux, autre auteur à peine croisé, ou bien sûr Jean-Michel Robert qui lui aussi a plié bagages l’année dernière. J’ai une pensée pour ce révolté tendre, poète insoumis (né en 1940, il a pris en pleine face la guerre d’Algérie et les blessures qui ne se ferment jamais tout à fait), et son indéfectible parti-pris pour l’amour et la vie :
« Je n’ai plus peur
La ville a un beau corps
Au détour d’une place
Les yeux dans les yeux
Nous ranimons
Les roses noires
Les oiseaux dorment sur leurs ailes
La mort viendra
Je sais
Mais je vivrai d’abord »
*
« Les rues marchent toutes seules
il fait noir comme jamais
c’est la nuit
dans son lit
un homme se retourne
au passage de sa mémoire
le désir triomphe des veuves
l’hiver sourit avec ses dents de neige
la mort ne viendra jamais
c’est toujours la vie
qui gagne la partie »