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Cette semaine j’ai lu
« entre ciel et terre » de Jón Kalman Stéfánsson, folio
Une somptueuse histoire de gamin, de vie difficile, de froid meurtrier et de poésie.
« Nous passons notre existence à la recherche d’une solution, d’une chose qui nous console, nous apporte le bonheur et éloigne de nous tous les maux. Certains empruntent une route longue et difficile ; peut-être ne trouvent-ils jamais rien, à part l’ombre d’un but, l’esquisse d’une solution ou une forme d’apaisement dans la recherche elle-même, quant à nous, les autres, nous admirons leur ténacité, mais il nous est déjà assez difficile de nous contenter d’exister et, au lieu de chercher, nous avalons l’élixir de vie venu de Chine en nous demandant constamment quel est le chemin le plus court vers le bonheur, question dont nous trouvons la réponse dans Dieu, les sciences, le brennivin, l’élixir venu de Chine. »
« Il est facile de se bercer d'illusions lorsqu'on est seul, on peut presque se fabriquer une personnalité, se montrer plein de sagesse, de mesure, avoir réponse à tout, mais il en va autrement parmi les gens, la chose nécessite un effort, là, tu n'es plus aussi mesuré, absolument pas aussi sage, parfois, tu n'es même qu'un fichu crétin qui débite toutes sortes d'âneries. »
« Celui qui meurt se transforme immédiatement en passé. Peu importe combien il était important, combien il était bon, combien sa volonté de vivre était forte et combien l'existence était impensable sans lui : touché ! dit la mort, alors, la vie s'évanouit en une fraction de seconde et la personne se transforme en passé. Tout ce qui lui était attaché devient un souvenir que vous luttez pour conserver et c'est une trahison que d'oublier. Oublier la manière dont elle buvait son café. La manière dont elle riait. Cette façon qu'elle avait de lever les yeux. Et pourtant, pourtant, vous oubliez. C'est la vie qui l'exige. Vous oubliez lentement, mais sûrement, et la douleur peut être telle qu'elle vous transperce le cœur. »
J’ai lu également (parfois survolé) « Habiter en poète » de Jean-Claude Pinson (Champ Vallon), « La poésie comme l’amour » de J.M. Maulpoix (Mercure de France), ou « Poésie et Figuration » de J.M. Gleize (Seuil). C’était pour préparer un exposé sur la poésie contemporaine (depuis 1950) que je dois faire dans le prolongement d’un de nos spectacles à la BDP des Hautes Alpes le 10 mars. J’ai trouvé incroyable et scandaleux que dans aucun de ces trois universitaires ouvrages aucun des trois poêtes que je considère comme majeurs ces 60 dernières années (à savoir Jacques Bertin, Bernard Dimey, Eric Dejaeger et Armand le Poête) ne soit ne serait-ce qu’une seule fois cité. C’est moche.
Dans le seul « Habiter en poète » de Pinson, Bonnefoy est cité plus de 30 fois, et Juvin pas une seule alors que c’est aussi bien non ? Mieux ? C’est triste et ça qui interroge non ?