Le catalogue Gros Textes a migré ici : https://sites.google.com/site/grostextes/.
Sur le blog vous trouverez du quotidien au sens propre du terme (enfin je vais essayer), notes de lecture, poèmes, aphorismes, humeurs, chansons, liens...
5 - On parle de publications Gros Textes ici (en l’occurrence « une femme à gros seins qui court un marathon » d’Eric Dejaeger :
http://areaw.org/eric-dejaeger-une-femme-gros-seins-qui-court-un-marathon/
6 – Des choses qui arrivent de Jean-Claude Touzeil, éd. Le Chat qui tousse,
http://tiens.pagesperso-orange.fr/chatquitousse/
Ils sont pas nombreux les contempoètes qui puisent l’inspire du côté de Prévert, Queneau, Tardieu. Touzeil est de cette trempe. Touzeil est précieux.
« Finalement / qu’est-ce / qu’on laisse / en partant // Trois pas d’enfant / dans le sable des jours / quatre volutes bleues / au bout de l’horizon / un parfum de clérodendron / dans l’allée du jardin / un vélo rouillé / au fond du grenier / un album de timbres / toujours incomplet / une photo de jeunesse / toujours un peu floue / un poème mort-né / écrit à la va-vite / sur un ticket / de parking // Finalement / qu’est-ce / qu’on laisse / en partant / à part peut-être / la porte / grande ouverte ? »
7 - La tasse l’anse cassée de Christophe Jubien, Association francophone de haïku
http://www.association-francophone-de-haiku.com/publications/publications_afh.html
« Elle me donne / des nouvelles de ma mort / la boîte aux lettres vide »
8 - Suis-je Charlie ?
Il est sûr que je l’ai été au sens où adolescent et jeune adulte, j’ai trouvé dans Hara Kiri et Charlie hebdo les outils pour me construire une personnalité. Ce sont ces mêmes outils que j’ai utilisés pour faire voguer l’aventure Gros Textes. L’humour qu’on aime mettre devant (« Armand le Poête…), la dérision, l’irrévérence (« Non au littérairement correct » de Dejaeger, livre étendard pour GT), la désobéissance un brin anar (ah les anars qu’on présente comme des « gentils » sur les ondes depuis quelques heures quand d’ordinaire on ne voit que casseurs terroristes), une adhésion franche à la vieille tradition antimilitariste et anticléricale, tout ça participe de Gros Textes et je le dois à l’émerveillement que j’ai éprouvé devant les œuvres de Cavanna, Choron, Reiser, Gébé, Cabu, Wolinski... dans ma jeunesse. Il me semble que mes choix éditoriaux en portent la trace.
Donc oui je suis Charlie et bien triste.
Mais l’irrévérence et la désobéissance apprise en biberonnant du Charlie n’ayant pas de limites, et l'union sacrée mettant le sens critique en berne en même temps que les drapeaux, je me sens gêné d’être Charlie avec ceux qui attisent les haines en se drapant dans l’honorabilité républicaine (la même qui en 1970 censurait et interdisait Hari Kiri hebdo d'où est né Charlie hebdo), la presse qui se prétend libre alors qu’elle est vendue à des groupes financiers et des marchands d’armes et véhicule sans partage l’idéologie de la soumission à la raison du plus riche, sans compter ceux pour qui la stigmatisation de l’étranger, misérable de préférence, étant le fond de commerce idéologique, cette tuerie est pain béni.
De même qu'on peut rire de tout mais pas avec n'importe qui, je n'ai nulle envie d'être Charlie avec certains.
Mais après tout je me rassure, ceux-là ne seront pas Charlie bien longtemps.
9 – La vie est trop vraie de Simon Allonneau, éd. Le pédalo ivre
« dans mon quartier / les pompiers ne font pas de bouche à bouche. Ils comptent jusqu’à 10 / soit tu es vivant / soit tu es mort / c’est toi qui décides ». Des poèmes gag, un humour entre le noir et l’absurde, une agréable surprise à chaque page, « il faut sauver les naufragés / parce qu’ils s’ennuient ». Du grand art.
10 - La chance d’un autre jour d’Emmanuel Merle et Thierry Renard, éd La passe du vent
http://www.lapasseduvent.com/La-chance-d-un-autre-jour.html#livre674
Deux auteurs Gros Textes, Emmanuel Merle en 2014 et Thierry Renard en 2015 ont échangé durant plusieurs mois de la conversation et des textes dont 248 poèmes courts (généralement 5 vers) qui donnent le nom au recueil et d’un bout à l’autre c’est très fort. « Certaines fleurs du printemps / s’ouvrent plus vite qu’avant, / me semble-t-il. / ou alors c’est moi / qui ne peux plus suivre. » « La fête est finie / et on ne dit rien du tout. / On rentre à la maison, / vieux et fatigué. / On aimerait appeler à l’aide. » « Toute la journée j’ai essuyé / du verre : pare-brise, lunettes, / écrans. Tout semblait sale. / Viens de comprendre / que c’était le réel qui était flou. »
11- Pour finir la semaine les paroles du petit clin d'oeil du professeur Choron à ses anciens copains.
https://www.youtube.com/watch?v=tSRhceurCH0
L'assassin fait un dur métier
A l'heure du crime il faut se lever
Et pour tuer prestement
Par la lame qui saigne à blanc
Il étudie l'anatomie
Il sait par où s'en va la vie
Et qu'on peut pas saigner la vieille
En lui coupant le gros orteil
Refrain
Y'a assassin et assassin
Y'en a des moches, y'en a des biens
Se faire assassiner c'est rien
Si on n' tombe pas sur un sagouin
Y'a assassin et assassin
Y'en a des moches, y'en a des biens
Pour trouver un bon assassin
Voir les pages rouges du bottin
L'assassin doit se cultiver
Lire des revues spécialisées
Apprendre le geste du semeur
Du semeur qui sème la peur
Et que planté dans la poitrine
Le couteau ne prend pas racine
Mais qu'un couteau planté dans le dos
Devient un joli portemanteau
Refrain
La chair humaine c'est pas du lard
Le dépeçage est tout un art
L'assassin véritable artiste
Avec un doigté de pianiste
Ne découpe pas Monsieur Dupont
Comme on découpe le cochon
Pour obtenir de beaux jambons
Faut suivre le contour du caleçon
Refrain
L'assassin est un gastronome
Il sait apprécier le jus d'homme
Chevalier du taste-sang
Il goûte dans une coupe en argent
Le sang de l'adulte est gouleyant
Il a de la robe le sang de l'enfant
Ah! bon sang de bon sang de bon sang
Qu'elle serait triste la vie sans sang