Que mourait Jean Follain en 1971. J’aime sa poésie qui ne fait pas de bruit, qui ne crie ni ne souffre, ni conteste ni revendique, mais donne juste à ressentir comme en un exercice d’entomologie succincte les formes et les odeurs d’un monde un peu passé. Foin de lyrisme ou de métaphores audacieuses, on demeure avec Follain au plus près de la vie, de ses traces fumantes.
« L'écolier qui balayait la classe / à tour de rôle était choisi / alors il restait seul / dans la crayeuse poussière / près d'une carte du monde / que la nuit refroidissait / quelquefois il s'arrêtait, s'asseyait / posant son coude sur la table aux entailles / inscrit dans l'ordre universel. »
« Il naît un enfant / dans un grand paysage / un demi-siècle après / il n’est qu’un soldat mort / et c’était là cet homme / que l’on vit apparaître / et puis poser par terre / tout un lourd sac de pommes / dont deux ou trois roulèrent / bruit parmi ceux d’un monde / où l’oiseau chantait / sur la pierre du seuil. »