éditions gros textes poésie contemporaine revue livres d'occasion
50 pages au format 10 x 15, avec des illustrations, un frontispice couleur et une carte de Julien Malardenti, 6 €
Janus bifront
Étrange recueil que celui d’Étienne Paulin où l’on fait de surprenantes rencontres : des psaziques dans les catacombes, un téléphérique au plafond d’un dortoir, des jumelles avec des bas couleur d’arpège, un homme avec des chardons plein la voix, des chats qui vont au bain turc. Si l’on aborde l’univers de Jules Supervielle, les babouins anubis du Quattrocento ou la symphonie de Haydn, c’est surtout la monotonie des jours en province dont il s’agit.
Étienne Paulin peint à la fois la ville mais aussi les habitants et leurs manies : « Peindre une ville morne, un essaim d’hommes en son centre. » Ailleurs c’est la vie des douze fous (qui se superpose à la vie des douze Césars) où les personnages aux noms significatifs (Bûcheron-ivre, Guincheux, Manoir-de-la-pensée) nous ressemblent étrangement. Ce recueil aux deux parties – Tuf, Toc – équivalentes, se nourrit de correspondances, d’échos entre le découragement face à l’ennui et la critique (masquée par l’humour) de cette société au commerce dévoyé, vivant d’illusions, axée sur le paraître et dénuée de toute morale. Mais ne portons-nous pas nous-mêmes de multiples masques qui, parfois, s’estompent :
« Je m’apprête
fais des tentatives
un grand désir de ressembler
à ce moi-même ne s’étant jamais promené dans les bois […]
ce qui déborde d’une main je le résorbe
l’emporte de l’autre côté du visage »
Gérard Paris