9 juin 2019
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Que naissait Barbara en 1930. Etudiant à la fin des années 70, je l’avais vue en concert. Elle m’a appris qu’entre le mal de vivre et la joie de vivre, il n’y a que quelques couplets. C’était rassurant pour la suite. « Ça ne prévient pas quand ça arrive / Ça vient de loin / Ça c'est promené de rive en rive / La gueule en coin / Et puis un matin, au réveil / C'est presque rien /
Mais c'est là, ça vous ensommeille / Au creux des reins // Le mal de vivre / Le mal de vivre / Qu'il faut bien vivre / Vaille que vivre »
C’est également un 9 juin que mourait Claude Léveillée il y a 8 ans. On ne l’écoute plus guère mais ce n’est pas grave car « Ce qui est important, c’est ce qui se passe entre deux notes, entre deux mots, entre deux yeux » (répondit-il quand on lui demanda s’il trouvait difficile d’être moins à la mode qu’il l’avait été).
8 juin 2019
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Que naissait Marguerite Yourcenar en 1903. Il faudrait peut-être que je relise ses Mémoires d’Hadrien qui furent certainement un de mes lieux de naissance.
« Le véritable lieu de naissance est celui où l'on a porté pour la première fois un coup d'œil intelligent sur soi-même: mes premières patries ont été des livres. »
Quant à cette évocation de la poésie, on pourrait bien sûr chipoter et remplacer « Les poètes » par « Quelques poètes… », pour goûter la formule et nous attarder longuement sur le « presque » inhabitable.
« Les poètes nous transportent dans un monde plus vaste ou plus beau, plus ardent ou plus doux que celui qui nous est donné, différent par là même, et en pratique presque inhabitable. »
8 juin 2019
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Que mourait Henry Miller en 1980. 39 ans plus tard, bivouaquant à côté d’un étang près de grands arbres s’agitant sous le vent d’avant l’orage, je cherchais à écrire une phrase pour dire ce que je ressentais. C’était déjà écrit quelque part dans Tropique du cancer. Pas besoin de se fatiguer du coup. « Tout le long des berges, les arbres s'inclinent lourdement sur le miroir terni ; quand le vent se lève et les emplit d'un murmure bruissant, ils verseront quelques larmes et frémiront au-dessus des remous précipités de l'eau. Ça me coupe le souffle. Personne à qui communiquer même une parcelle de mes sentiments. »
6 juin 2019
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Que naissait Thomas Mann en 1875. La dernière scène du film de Visconti, La mort à Venise, est un poème à jamais gravé dans la mémoire. Ensuite lire le roman et y découvrir d’autres entrées en poésie : « D'être seul et de se taire, on voit les choses autrement qu'en société ; en même temps qu'elles gardent plus de flou elles frappent davantage l'esprit ; les pensées en deviennent plus graves, elles tendent à se déformer et toujours se teintent de mélancolie. Ce que vous voyez, ce que vous percevez, ce dont en société vous vous seriez débarrassé en échangeant un regard, un rire, un jugement, vous occupe plus qu'il ne convient, et par le silence s'approfondit, prend de la signification, devient événement, aventure, émotion. De la solitude naît l'originalité, la beauté en ce qu'elle a d'osé, et d'étrange, le poème. »
Et puis l’évocation de Guidoni pour conclure
5 juin 2019
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Que naissait Federico Garcia Lorca en 1898. Son regard à la fois profond et un peu perdu d’éternel jeune homme éternellement ailleurs a quelque chose de bouleversant quand on pense à son destin et comment ne pas y penser quand on cite son nom. En feuilletant ses poèmes je me suis arrêté sur cette étrange petite valse viennoise, que Leonard Cohen a portée très loin avec Take this waltz.
« À Vienne il y a quatre miroirs / où jouent ta bouche et les échos. / Il y a une mort pour piano / qui peint en bleu les jeunes gars. / Il y a des mendiants sur les toits. / Il y a de fraîches guirlandes de pleurs / Ay, ay, ay, ay ! / Prends cette valse qui se meurt dans mes bras…. // À Vienne, je danserai avec toi / dans un déguisement qui aura une tête de fleuve. / Vois mes rives de jacinthes ! / Je laisserai ma bouche entre tes jambes, / mon âme dans des lis et des photographies / et dans la vague obscure de ta démarche / je veux, mon amour, mon amour, laisser, / violon et sépulcre, les rubans de la valse. »
4 juin 2019
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Que naissait Jacques Roumain en 1907. Il a écrit un des grands romans du 20ème siècle, Gouverneurs de la rosée que normalement on n’oublie pas quand on l’a lu. Également un recueil de poèmes qui sonnent bien à la voix. J’y ai puisé pour un spectacle poésie africaine.
« Comme la contradiction des traits / Se résout en l’harmonie du visage / Nous proclamons l’unité de la souffrance »
3 juin 2019
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Que mourait Franz Kafka en 1924. Il donnait de bons conseils de lecture : « On ne devrait lire que les livres qui nous piquent et nous mordent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? »
Et en 1967 c’était René-Louis Lafforgue qui retrouvait le Grand Manitou. On a oublié ce chanteur. Alors voilà :
2 juin 2019
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21:56
Que naissait Geo Norge en 1898 et je vais fouiller dans ses oignons en étant sûr de trouver quelque chose pour l’émerveillement du soir : « Les années passaient. Auguste ne voyait rien venir. Les saisons allaient leur bonhomme de train, et la main sur les yeux, Auguste, l’attentif, guettait leurs longs cortèges. Sable des nuits, vents et marées, jus dans les vignes, Auguste et son attente. Il ne voyait rien venir. Mais au fond, dit Auguste, un soir de canicule, au fond, qu’est-ce que j’attends ? »