9 janvier 2019
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Que Louise Michel après avoir pris quelques jours plus tôt un coup de froid au cours d’une conférence à Sisteron allait mourir à Marseille en 1905. « Cette femme écoutait la vie aux bruits confus, / D'en haut, dans l'attitude austère du refus » a écrit Victor Hugo pour elle. Je vais quand même pas essayer de passer après Victor Hugo.
Deux citations de Louise Michel « Ce n'est pas une miette de pain, c'est la moisson du monde entier qu'il faut à la race humaine, sans exploiteur et sans exploité. » C’est pourtant pas compliqué non ?
Et puis un peu de poésie aussi avec l’amour des animaux : « Hirondelle aux yeux noirs, hirondelle, je t’aime ! / Je ne sais quel écho par toi m’est apporté / Des rivages lointains ; pour vivre, loi suprême, / Il me faut, comme à toi, l’air et la liberté. »
Sinon Marianne Oswald fêtait ses 4 ans ce 9 janvier 1905. Chanteuse à Berlin dans les années 20, revenue en France avec la montée du nazisme, elle a introduit quelque chose de l’expressionnisme allemand dans la chanson réaliste française de ces années. Albert Camus a dit d’elle : « Dans ces chansons de flamme et de suie que la voix terrible de Marianne a promenées pendant des années au-dessus des foules malheureuses et inquiètes, il n'était pas possible de ne pas deviner le grand appel vers la lumière. »
Jeu de massacre a été repris par Juliette.
8 janvier 2019
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Que mourait Pierre Jean Jouve en 1976. Poète et romancier surtout connu et reconnu dans le monde littéraire. « Songe un peu au soleil de ta jeunesse / Celui qui brillait quand tu avais dix ans / Étonnement te souviens-tu du soleil de ta jeunesse / Si tu fixes bien les yeux / Si tu les rétrécis / Tu peux encor l’apercevoir / Il était rose / Il occupait la moitié du ciel / Tu pouvais toi le regarder en face »
On peut citer aussi : « Il est peut-être nécessaire que l’art se jette en pleine mêlée ».
Ce 8 janvier au matin en écoutant à la radio un flicard qui trouvait qu’on ne mettait pas assez de gens en prison, un ministre qui proposait d’aider les flicards à cogner plus fort sur les gens avant de les mettre en prison, des journaleux(ses) droit(e)s dans leur rôle de paillasson(e)s à flicards et ministres, il m’est venu un mot à la bouche, charogne, et ce mot ne m’a pas quitté de la journée. J’ai très vite compris qu’il ne s’agissait pas de la charogne fascinante et superbe quasi langoureuse de Baudelaire « …Alors, ô ma beauté! dites à la vermine / Qui vous mangera de baisers, / Que j’ai gardé la forme et l’essence divine / De mes amours décomposés!. ». Non ça avait un rapport entre une réminiscence de jeunesse et une colère politique, jeter l’art en pleine mêlée ne doit pas être loin. Après une heure de googlisation j’ai retrouvé ce soir le son de mes 14 ans que je cherchais. C’est ma madeleine avant le coucher.
8 janvier 2019
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Que naissait le touche-à-tout génial que fut Roland Topor, c’était en 1938. Retenons le philosophe : « Il suffit d'un gramme de merde pour gâcher un kilo de caviar. Un gramme de caviar n'améliore en rien un kilo de merde. »
6 janvier 2019
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il y a 100 ans jour pour jour que Jacques Vaché, un jeune homme de 24 ans venant juste de sortir vivant de la grande guerre, exagérait avec l’absorption de boulettes d’opium et mourait pour voir ce que ça fait, ne laissant que quelques lettres et vagues croquis qui suffirent pour en faire un des précurseurs du surréalisme et une ombre qui allait planer longtemps sur une partie des lettres françaises. Belle efficacité le bougre, monument de révolte dandy et de nihilisme potache dont toute l’œuvre pourrait tenir dans cette fulgurance : « L'Umour dérive trop d'une sensation pour ne pas être difficilement exprimable – Je crois que c'est une sensation – J'allais dire un SENS - aussi - de l’inutilité théâtrale (et sans joie) de tout. »
Philippe Soupault évoque cette époque avec une concision qui me ravit.
Raoul Vaneigem dans son fameux traité de savoir vivre à l’usage des jeunes générations nous donne également une piste éclairante : « …« Je serais ennuyé de mourir si jeune », écrivait Jacques Vaché, deux ans avant de se suicider. Si le désespoir de survivre ne s’unit à la nouvelle prise de conscience pour bouleverser les années qui vont suivre, il ne restera que deux «excuses» à l’homme isolé : la chaise percée des partis et des sectes pataphysico-religieuses, ou la mort immédiate avec Umour. »
5 janvier 2019
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que naissait Pierre Seghers en 1906. Il a donné quelques précieux conseils aux liseurs de poèmes. Aujourd’hui, en préparant un nouveau spectacle de poésie (ça s’appelle « On revient de loin et c’est un retour sur 25 ans de mises en voix, en musique et en public de densité variable de poèmes divers et variés, création le 19 janvier à Savines), je pensais à ces conseils : « D'abord il vous faudra du temps, beaucoup de temps. Du loisir. / Du silence en vous et autour de vous. Du silence. / Coupé d'ardoises sur les toits, ou de cigales, dans le Sud. / De longs moments de solitude pour n'être pas seul loin des autres / Et des mains, pour toucher les mots. Il vous faut écouter profond / Un cheminement de racines, voir des éclats parmi les feuilles / Guetter une démarche aisée ou non, qui n'est qu'à soi / Respirer le parfum des corps, l'odeur des genêts, des lavandes, / Et piéger, dans ce qui est dit, le gibier terré sous les mots… »
Jacques Lovichi était de la génération qui a pu côtoyer Seghers. Je suis de celle qui pu côtoyer Lovichi. Il a animé les revues Sud, Autre Sud et Phoenix avec Yves Broussard. Ils sont morts dernièrement à quelques jours d’intervalle. Septuagénaire, il avait décidé d’arrêter d’écrire avant de radoter (me dit-il un jour au festival de Sète). Il a développé sa décision dans un papier à la concision remarquable avec une pointe d’humour dans le titre « Cessation progressive d’activité ». Un extrait : « Aujourd’hui, j’observe. La vie m’a enfin assigné le rôle d’observateur. Je regarde se noyer les autres. Ceux et celles qui ne savent pas s’arrêter à temps. Et ce m’est d’un grand réconfort. Il y a toujours un livre de trop. Ne l’écrivons jamais. Du moins ne le publions pas. Qui sait s’arrêter reste grand. Son œuvre en tous cas demeure intacte. Plus simplement, demeure. // Oubliez-moi. »
L’intégralité est ici : https://www.revuephoenix.com/memoire/
4 janvier 2019
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en 1960 que le manque de radar sur les routes départementales causait la mort d’Albert Camus. Quand j’avais 18 j’ai rempli pas mal de pages de citations de ses bouquins. A la fac de lettres modernes dans les années 70, j’étais fasciné par les filles qui faisaient philo. Je m’accrochais comme un fou pour tenter de comprendre ce qu’elles me disaient. J’essayais de lire Kant, Hegel. En vain, je pigeais que dalle puis je suis tombé sur « Il n’y a qu’un problème philosophiquement sérieux, c’est le suicide », Le mythe de Sisyphe fut le premier bouquin de philo que j’ai dû lire jusqu’à la fin. Et je me suis mis à copier et copier à m’en faire souffrir les poignets. Puis j’ai quitté la fac pour aller bosser dans un restau, être fasciné par les serveuses et m’intéresser à la poésie et la chanson à textes.
C’est aussi un 4 janvier que naissait Georges Chelon en 1943 à Marseille. Il en parle dans cette très belle chanson un brin mélancolique où l’on croise Rimbaud et quelques questions philosophiques (« est-ce renaître ou bien traîner sa mort /Que de dépasser l'âge où Rimbaud a fini? ») et la boucle est bouclée pour ce jour.
3 janvier 2019
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Que mourait Jaroslav Hašek en 1923. Son brave soldat Chvéïk est une merveille de burlesque grandguignolesque, une description ironique de la vie quotidienne du petit peuple tchèque, en même temps que satire des institutions et pamphlet antimilitariste sur le mode de la farce bouffonne.
« -Est-ce que vous êtes réellement idiot?
-Je vous déclare avec obéissance, mon lieutenant, que je suis réellement aussi idiot. »
Un an plus tard naissait André Franquin. Son Gaston Lagaffe fut un autre genre d’idiot ingénu génial qui conteste à sa manière l’ordre établi, l’autorité et le travail.
Plus gores, ses idées noires me laissèrent pantois.
Et quatre-vingt quinze ans plus tard, je feuillette une dizaine de recueils de poèmes et rien ne me semble digne d’être communiqué sur ce blog (je me vois sur le point d’en être réduit à en écrire moi-même des poèmes) lorsque je tombe sur un vieux numéro de feu la revue Microbe de l’ami Dejeager où l'ami Roger Lahu avait écrit de petites débâcles ordinaires : « … // demain dès l’aube / je penserai que faute de mieux / il faudra faire avec le jour à venir / parce que pas le choix // … // demain dès l’aube / je me ferai des promesses / à l’aube on aime bien faire des promesses / en se grattant ses vieilles coucougnettes // demain dès l’aube / je n’écrirai pas de poèmes / je suis du soir / pour l’écriture des poèmes »
2 janvier 2019
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Que naissait Luc Decaunes selon Wikipédia ou plus vraisemblablement qu’il s’apprêtait à naître le 4 selon l’association de ses amis. On est d’accord sur l’année, 1913.
Ceci dit et nous serons d’accord avec lui, « Les hommes sont comme les chiens, / Ils attendent du jour qui vient, / Une caresse qu'ils comprennent. »
Ces questions de jour m’amène à citer Téo Libardo dans le numéro de novembre de sa revue « La volée » : « Tout sera parfait. Un jour. / En attendant, nous apprenons à déceler et à surprendre, passagère, la perfection au présent. »
Téo Libardo signe parfois d’un pseudo : https://sites.google.com/site/grostextes/publications-2017/dedete
1 janvier 2019
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Que naissait Jean-Pierre Duprey en 1930. Éternel jeune homme (il s’est pendu à 29 ans), genre oiseau blessé qui crie tout ce qu’il peut et qu’on n’entend pas. Alors ça, ne pas être entendu, ça fait faire des bêtises parfois, comme aller pisser sur la tombe du soldat inconnu en signe d’insoumission (c’était la guerre d’Algérie). Un coup à goûter au passage à tabac de la flicaille et à l’asile psychiatrique.
« Que cherchent les regards du ciel au fond du lac ? »
« … le cri devenu chair, / C’est cela, comme qui dirait, / C’est bien cela, comme qui dirait. »
Frank Vialle (7). Gros Textes a publié de lui « Une petite pièce », « Les petites Blanche » et « Vacances ». Il reste quelques exemplaires de chacun de ses ouvrages. Les courts poèmes de ce blog sont inédits. Il me les avait envoyés à la fin de sa vie alors qu’il ne pouvait quasiment plus quitter sa chambre de la rue des Pyrénées avant d’être admis dans un hôpital où il est mort.
« Ce sont des poèmes / non / ce sont des pensées / non plus / ce sont des miettes / jetées aux moineaux / j’ai toujours aimé les moineaux »
« je ne sais rien / je ne crois en rien / tout roule »