Que naquit Armand Robin en 1912, poète de l’absence au monde, Ma vie sans moi, des langues multiples captées et traduites à longueur de nuit sur des radios lointaines, de la fatigue comme planche de salut et du parti pris des faibles. Il fut militant à la Fédération Anarchiste en compagnie d’un certain Georges Brassens qui racontera qu’il avait pris l’habitude de téléphoner tous les soirs au commissariat de son quartier. Il demandait le commissaire, déclinait son identité, donnait son adresse et disait : « Monsieur, j’ai l’honneur de vous dire que vous êtes un con ».
Une nuit du mois de mars 1961, on l’a amené dans ce commissariat d’où il n’est pas ressorti vivant. On suppose que le ministre de l’intérieur de l’époque a dû déclarer qu’il ne connaissait aucun policier qui ait pu faire du mal à qui que ce soit. Le préfet de police en 1961 était un certain Maurice Papon.
« On établit contre moi des constats de présence : / Je fus pris en flagrant délit de vie. / Telle est la légende bien établie. »