20 août 2019
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Que mourait Christian Dotremont il y a 40 ans, un poète du temps où l’on tricotait et déchirait presque aussitôt des mouvements littéraires révolutionnaires, des groupes éphémères, des revues comètes et des internationales quasi solitaires qui, on ne sait par quel miracle, résonnent encore : « …Mais il m'est arrivé de te regarder / Depuis longtemps j'en avais envie, / De garder ce qui est autour avec ce qui est dedans, / De trouver dans le fruit qui est là le goût du fruit que je cherche ici, / D'avancer dans l'ombre même la dague sans garde du regard, / De caresser les angles du soleil, / De faire ce que j'imagine, d'imaginer ce que je fais, mon amie, / De brûler à la flammèche de la bougie le grand livre où sont comptées les grandes choses, et les petites… »
19 août 2019
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Que mourait Groucho Marx en 1977. J’aime me replonger périodiquement dans ses répliques mêlant l’absurde à la goujaterie : « Le surgelé est une invention remarquable, mais qui remplace difficilement une épouse charmante qui vous accueille dans une étreinte vorace.»
« Une femme: Demain, j'appellerai un dentiste.
Groucho: Appelez-en trois, qu'on fasse un bridge. »
18 août 2019
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Que naissait Elsa Morante en 1912. En 1979 je recopiais des pages de ses romans sur des carnets. Je m’apprêtais à quitter les jeunesses communistes et commençais à fréquenter les milieux anarchistes : « Le pouvoir, …, est dégradant pour celui qui le subit, pour celui qui l'exerce et pour celui qui l'administre. Le pouvoir est la lèpre du monde! »
17 août 2019
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Que mourait Pierre Vassiliu il y a 5 ans. Ses chansons étaient souvent très drôles et fort bien écrites.
13 août 2019
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Que naissait Georges Haldas en 1917, un poète qui sut admirablement dire les choses simples et que je lis toujours avec grand plaisir si bien que j’en livre deux extraits avant de partir quelques jours vers le festival du conte de Pont-du-Fossé où nous tiendront un stand :
« A pas lents nous irons / vers la maison du soir / où brillent les olives / où les poissons eux-mêmes / après leur mort revivent / Où l'huile à la douceur / et l'éclat de l'enfance / On reverra ceux-là / qu'on avait tant aimés / partager le repas / La nappe sera blanche / Le pain sera coupé / par des mains fraternelles / Le vin par toi versé / On entendra dans l'ombre / les cigales se taire / Un oiseau bleu voler / Et le sel de la nuit / versera sur nos plaies / un peu d'éternité »
« Je lègue à mes enfants / cette aube sans couleur / le pain triste les rues / où je fus dédoublé / Je lègue les fontaines / qui m’ont parlé la nuit / les wagons solitaires / et les ormes coupés / Tous les recoins obscurs / et les hangars déserts / Et mal interprétés / les rêves d’un bonheur / toujours décomposé / Je lègue avec les rails / la rouille des années / les trains sans voyageurs / la gare abandonnée / Je lègue après la joie / cette ville changée / Comme est changé celui / qui croyait tout aimer… » (La blessure essentielle)
11 août 2019
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Que naissait le poète belge Auguste Marin en 1911. Mort à 28 ans, il n’eut pas le temps d’accéder à une réelle notoriété mais les rares poèmes qu’on peut lire de lui au hasard de quelques anthologies tendrait à nous le faire regretter : « Un aveugle triste et sublime / sur son accordéon fané / fait gémir un air anonyme / entre les tables d'un café. // La foule indifférente écoute / la chanson venue Dieu sait d'où / chanson cueillie au bord des routes / comme une fleur dans les cailloux. »
Naissait également un 10 août en 1884, Panaït Istrati, humain exemplaire dont la lecture, selon moi, tendrait à nous rendre meilleur : « J'ai envie de croire qu'à la minute où je suis venu au monde, mon premier geste a été d'embrasser la terre. Là-bas, dans le hameau de Baldovinesti, sur l'embouchure du Sereth, la terre a sûrement dû se fourrer en moi, avec la violence de l'amour. Toute la terre! Toutes ses beautés! » (Pour avoir aimé la terre)
10 août 2019
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Que Charles Cros en 1888 cessa de vivre tranquille en sa maison : « Vivre tranquille en sa maison, / Vertueux ayant bien raison, / Vaut autant boire du poison. // Je ne veux pas de maladie, / Ma fierté n’est pas refroidie, / J’entends la jeune mélodie. // J’entends le bruit de l’eau qui court, / J’entends gronder l’orage lourd, / L’art est long et le temps est court. // Tant mieux, puisqu’il y a des pêches, / Du vin frais et des filles fraîches, / Et l’incendie et ses flammèches. // On naît filles, on naît garçons. / On vit en chantant des chansons, / On meurt en buvant des boissons. »
C’est ce même jour en 1962 qu’Hermann Hesse fit de même : « La vie, pensais-je, a forcément toujours raison au bout du compte ; si elle bafoue mes beaux rêves, c'est que ceux-ci étaient absurdes et injustifiés. »
8 août 2019
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Que mourait Félix Leclerc en 1988. Il fut chanteur comme d’autres sont bûcherons, l’essentiel c’est que le boulot soit bien fait et les bûches bien empilées : « Pas d'affrontements dans mon œuvre / C'est une œuvre frileuse / Peureuse comme moi (...) / Rangez-moi avec les musiciens / Les outardes / Les innocents / Les contemplatifs / Toute ma vie loin de la foule / Mais aussi toute ma vie / Seul en face d'elle / A défaire des nœuds »
7 août 2019
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Que naissait André Ruellan en 1922. Entre fantastique, SF et humour noir, certains de ses romans peuvent faire penser à du K.Dick. Son Manuel du savoir-mourir, illustré par Topor, est une merveille du genre. « De quelque manière qu’on envisage les événements, on arrive à la même évidence : nous sommes tous partis pour y rester »
Je ne sais s’il a rédigé lui-même son avis de décès paru dans le monde.
Et puisqu’on parle de décès, j’ai appris celui de Jean-Marc Le Bihan. Avec Ferré, c’est probablement le chanteur que j’aurais le plus écouté à 20 ans. « Raconte moi, ce qui fait que l’on s’aime / Dans ce grand monde où tout est violenté / Moi, j’aurais voulu t’écrire un poème / Qui n’en finit jamais de commencer… »
7 août 2019
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Que disparaissait Francis Ponge et son Je en 1988. « Je: cette apparition mince et floue, qui figure en tête de la plupart de nos phrases. »
Quant à moi j’ai écrit ceci : « oui oui, je me lève, je ne reste pas étendu, non non / oui oui, je respire, je ne suffoque pas, non non / oui oui, je suis rassuré, je n'ai pas peur, non non / oui oui, je roule vers je ne sais trop quoi, rien ne m'arrêtera, non non »