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23 octobre 2016 7 23 /10 /octobre /2016 16:59

Ces derniers temps j’ai fabriqué

Les tessons du temps de Patrice Angibaud

À mon père (1925-2005)

Tu portes désormais / Des couches-protections // Ils ont mis des barreaux / Sur les bords de ton lit // Les mots que tu prononces / Sont longues litanies / Incompréhensibles //  Tu ne saisis plus rien / De ce que l’on te dit… // Je pourrais écrire / Que tu es revenu à la case / Départ

Que tu retournes à ta naissance / À ton berceau // Ou que ton langage / Est déjà celui de l’au-delà // Quelque chose de poétique / De beau et de mystique / Comme on entend parfois… // Mais ce serait oublier ton visage / Immensément douloureux / L’expression indéfinissable / De tes yeux // Ce serait me débarrasser de toi / Mon père / Me débarrasser de ta mort / Et à bon compte me rassurer / Que d’aligner de tels clichés… // On est prié de circuler : // La poésie n’a rien à voir ici.

 

Effeuillage d’Alain Chiche

Rappelle-toi de m'oublier

Rappelle-toi de m'oublier / Chaque jour du calendrier. / Lundi de Pâques, jours fériés, / Tu seras bien entouré. / Inutile de t'aplatir, / Même dans ma ligne de mire. / Merci aussi de ne pas m'écrire, / Même si tu as envie de rire. / Ne cherche pas à me parler / En cachette, en dérobée, / Je ne suis pas disposé / À te laisser m'intoxiquer. / Au pôle nord, en Sibérie, / Tu seras bien mieux loti. / Continue de te chercher, / Tu finiras par m'oublier.

 

Luberon Malakoff de Thierry Roquet

On entend des choses / à la télé / on lit des choses / aux infos / je dors de plus en plus mal / je me prépare au pire / je voudrais  / une ville / qui ne soit pas un soleil froid / où les corps tombent / comme des mouches

et Hélène Dassavray

Nous avons / pour les mouches / suspendu des guirlandes / de papier collant / nous avons fabriqué des cercles / pour attraper nos rêves / plié en quatre le futur / un mouchoir par-dessus

 

Photomaton de Michel Lamart

Amitié

Les amis intelligents ne sont pas ceux qui ont des idées, mais ceux dont le silence vous en donne.                            Roland Barthes

- Comment être ami avec plus grand, plus fort que soi? demande l'Idiot au Maître. / Le Maître ne répond pas. / Il demeure étrangement absent. / Hors du monde.  / Perdu dans ses pensées. / L'Idiot, timidement, repose sa question. / Le maître reste impassible. / Tous deux vaquent à leurs occupations. / Le silence envahit l'espace. // Au bout d'un moment, le Maître s'adresse à l'Idiot: / - Voudriez-vous m'aider à déplacer cette montagne? / Son doigt montre le vide. / L'Idiot reste sans voix. / Le Maître repose sa question. Plus fermement. / - Mais je ne distingue ici aucune hauteur qui me puisse faire songer à une montagne! dit l'Idiot penaud. /

- C'est que votre amitié exclut toute confiance, dit le Maître. Craindriez-vous ce qui est plus grand que nous?

 

On peut voir ces livres et les commander avec

https://sites.google.com/site/grostextes/

et https://sites.google.com/site/lestilleulsdusquare/

ou encore : https://sites.google.com/site/lesalpesvagabondes/

 

 « Nous avons les images de notre vie. Par exemple nous traversons seul une grande place déserte. Ou bien nous marchons dans un sous-bois avec une jeune femme et le désir se fait de plus en plus pressant – et la réalisation du désir de plus en plus oppressante. Ces instants furet ; et aujourd’hui ils sont loin. La grande place est étrangère, le désir s’est évanoui. On sait aussi, qu’à force, de place en place, et de désir en désir, on meurt. »

Jean-Pierre Georges

  « Croyez-moi, les réformes sérieuses, il faut que les gens comprennent qu’ils doivent les faire eux-mêmes. Tant qu’ils goberont des trucs comme… la délégation des pouvoirs, le sens des responsabilités, la patience, l’autodiscipline et tout ce qui s’ensuit… rien ne peut bouger. » Dario Fo

 Sinon ben le blog Gros Textes repart après plus de 6 mois de pause pour s'inventer une actualité la plus riche et gouleyante possible. Merci de vos visites et commentaires pendant que j’étais pas là.

Et une chanson pour (re)commencer, "le bout du monde à vol d'oiseau n'est pas si dur"

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15 août 2016 1 15 /08 /août /2016 20:50

Quelques un(e)s ont remarqué qu’il ne se passait plus rien sur le blog comme sur le site de Gros Textes. Je les en remercie.

J’ai fait une petite pause de près de 6 mois où je n’ai assuré que le minimum à savoir les livraisons des commandes et quelques rééditions. J’ai également participé à plusieurs salons et festivals et joué dans quelques spectacles de poésie avec mon compère musicien Dominique Oury accompagné un coup par Karin Huet et Rafaële Mamane ou encore la clown Marguerite. On a également réfléchi à une restructuration de notre vie associative avec l’arrivée de nouvelles salariées et de nouveaux projets (résidence d’auteur, lieu culturel…). Je suis également devenu retraité de l’éducation nationale. « Tiens, c'est le fond de la bouteille / Ça y est nous voilà vieux ma vieille »
Normalement, l’édition devrait repartir à l’automne avec quelques nouveautés qui auront du coup entre 6 mois et un an de retard. Gros Textes devrait se décliner à l’avenir sous forme de collections de façon plus claire qu’aujourd’hui, certaines étant assurées par d’autres que moi.

Et puisque nous sommes le 15 août, j’ai une pensée pour le chanteur Allain Leprest qui a choisi ce jour de l’année pour filer il y a 5 ans.

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16 mai 2016 1 16 /05 /mai /2016 20:53

QUELQUES NOTES

 

Souvent j'écoute une chanson parce que j'y décèle un mot,

un ton, une image vraie,

tout étonnée d'être sa mélodie.

 

Chaque fois j'espère qu'elle va coaguler l'introuvable plaie.

 

Jean-MIchel Robert  (1956-2016)

 

http://www.leshommessansepaules.com/auteur-Jean_Michel_ROBERT-133-1-1-0-1.html

 

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14 mars 2016 1 14 /03 /mars /2016 20:23

Le catalogue Gros Textes a migré ici : https://sites.google.com/site/grostextes/.

 

Cette semaine, j’ai fait cette conférence (bien grand mot peut-être) sur la poésie contemporaine à la BDP de Gap en compagnie de Sophie Braganti en résidence actuellement dans le coin et joué le spectacle Gros Textes « L’espace d’un soupir » (musiques de Dominique Oury) dans la foulée.

J’ai lu Microbe 94, la revue qui est tout sauf de la revue, http://courttoujours.hautetfort.com/sport/

« … Il attendait d’écrire. L’éditeur trépignait. L’imprimeur faisait les cent pas. Les libraires en avaient la gorge sèche. Et les lecteurs… les lecteurs étaient à l’agonie.

Il attendait d’écrire.

Mais grand dieux, qu’attendait-il… »

(Marc Menu)

Cette semaine j’ai mis la dernière touche à mon recueil « Il faut repeindre le moteur » dont je suis à la fois auteur, éditeur, imprimeur, difuseur, libraire et lecteur, c'est dire si je trépigne. Sortie début avril normalement. 

« IL FAUT REPEINDRE LE MOTEUR

Allons recouvrir l'horizon d'un mouvement lent de mâchoires, ruminants que nous sommes. Un chemin de mousse serpente sur ce versant. Tu as fait une belle promenade en compagnie des vaches. Maintenant tu rumines, tu laves la mémoire. Tu repasses les impressions froissées. Tu t’en vas germer dans un couloir très sombre, tu maquilles la douleur au fard des belles résolutions, tu lessives l'espérance. L'abîme cogne contre le château des évidences; et toujours contre ce château, tu dresses des soirs de brume, les chaussures de la pesanteur, l'alcool des nuits illisibles, le balancement d’un squelette, la fleur d'ennui qui poétise le tourment. Ton chant casse la croûte dans la bouche des ruminants, s'imbrique à l'œuf sidéral. À chaque ligne c'est comme si tu dictais tes dernières volontés. Tu remplis le petit cochon rose, la tirelire des instants à paître paisibles et repus. Le moteur tourne en harmonie avec le désir. On a bien oublié un sac d’affaires dans une chambre ou une gare mais... C’était il y a longtemps. Il y a très longtemps. Les jours s'en vont toujours sur un chemin pavé d'amphores perdues au fond des draps. »

 

J’ai relu Baleine de Paul Gadenne en pensant à une amie qui vient de perdre sa maman.

Une étonnante nouvelle d’un auteur qu’on aurait tort d’oublier. Un texte tout en délicatesse et sensibilité, dense et poétique autour du cadavre d’une baleine blanche échouée sur une plage.

« Ce blanc aurait pu être celui de certaines pierres, dont l'effort vers la transparence s'est heurté à trop d'opacité, et dont toute la lumière est tournée vers l'intérieur. Mais on distinguait, par endroits, des tâches d'un vert fondant et, prés de la tête, des serpentements mauves ou bleu ciel, fort subtils, qui disaient bien leur appartenance. Les teintes de la mort sont exquises: parfois nous croyions voir s'entrouvrir une rose. Devant cette chose qui ressemblait plus à un catafalque qu'à une bête morte, devant ce monument orné de signes délicats, qui viraient ça et là au colchique ou à la violette fanée, nous étions pris d'un doute- à quoi s'ajoutaient par moments, d'une façon bien inattendue, la sorte d'inquiétude qu'on ressent au chevet d'une personne malade. »

 

Et bien sûr mercredi on manifestait dans les rues d’un peu partout.

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9 mars 2016 3 09 /03 /mars /2016 20:37

Le catalogue Gros Textes a migré ici : https://sites.google.com/site/grostextes/.

 

Cette semaine j’ai retiré un bouquin de Morgan Riet, Du côté de Vésanie

https://sites.google.com/site/grostextes/publications-2012/morgan-riet

et un autre de Bruno Berchoud

https://sites.google.com/site/grostextes/ (en bas de la page)

 

J’ai fignolé mon intervention à la BDP des Hautes-Alpes du 10 mars au sujet de la poésie contemporaine (cf semaine dernière). Fignolé également mon prochain bouquin, Il faut repeindre le moteur, à paraître le 1er avril. Fignolé également le spectacle que je propose le 10 mars également à la BDP L’espace d’un soupir. Fignolé également un autre spectacle Gros Textes que nous allons créer le 9 avril à Embrun. On met en voix avec Karin Huet des poèmes publiés par Gros Textes ces 5 dernières années, Dominique Oury a composé des musiques sur ces textes. Il nous accompagne au synthé et à la clarinette pendant que Rafaële Mamane propose des interventions chorégraphiques. On n’a encore jamais fait ça nous autre.

 

Tiens ceci pour illustrer cela.

 

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29 février 2016 1 29 /02 /février /2016 20:37

Le catalogue Gros Textes a migré ici : https://sites.google.com/site/grostextes/.

 

Cette semaine j’ai lu

« entre ciel et terre » de Jón Kalman Stéfánsson, folio

Une somptueuse histoire de gamin, de vie difficile, de froid meurtrier et de poésie.

« Nous passons notre existence à la recherche d’une solution, d’une chose qui nous console, nous apporte le bonheur et éloigne de nous tous les maux. Certains empruntent une route longue et difficile ; peut-être ne trouvent-ils jamais rien, à part l’ombre d’un but, l’esquisse d’une solution ou une forme d’apaisement dans la recherche elle-même, quant à nous, les autres, nous admirons leur ténacité, mais il nous est déjà assez difficile de nous contenter d’exister et, au lieu de chercher, nous avalons l’élixir de vie venu de Chine en nous demandant constamment quel est le chemin le plus court vers le bonheur, question dont nous trouvons la réponse dans Dieu, les sciences, le brennivin, l’élixir venu de Chine. »

 

« Il est facile de se bercer d'illusions lorsqu'on est seul, on peut presque se fabriquer une personnalité, se montrer plein de sagesse, de mesure, avoir réponse à tout, mais il en va autrement parmi les gens, la chose nécessite un effort, là, tu n'es plus aussi mesuré, absolument pas aussi sage, parfois, tu n'es même qu'un fichu crétin qui débite toutes sortes d'âneries. »

 

« Celui qui meurt se transforme immédiatement en passé. Peu importe combien il était important, combien il était bon, combien sa volonté de vivre était forte et combien l'existence était impensable sans lui : touché ! dit la mort, alors, la vie s'évanouit en une fraction de seconde et la personne se transforme en passé. Tout ce qui lui était attaché devient un souvenir que vous luttez pour conserver et c'est une trahison que d'oublier. Oublier la manière dont elle buvait son café. La manière dont elle riait. Cette façon qu'elle avait de lever les yeux. Et pourtant, pourtant, vous oubliez. C'est la vie qui l'exige. Vous oubliez lentement, mais sûrement, et la douleur peut être telle qu'elle vous transperce le cœur. »

 

J’ai lu également (parfois survolé) « Habiter en poète » de Jean-Claude Pinson (Champ Vallon), « La poésie comme l’amour » de J.M. Maulpoix (Mercure de France), ou « Poésie et Figuration » de J.M. Gleize (Seuil). C’était pour préparer un exposé sur la poésie contemporaine (depuis 1950) que je dois faire dans le prolongement d’un de nos spectacles à la BDP des Hautes Alpes le 10 mars. J’ai trouvé incroyable et scandaleux que dans aucun de ces trois universitaires ouvrages aucun des trois poêtes que je considère comme majeurs ces 60 dernières années (à savoir Jacques Bertin, Bernard Dimey, Eric Dejaeger et Armand le Poête) ne soit ne serait-ce qu’une seule fois cité. C’est moche.

Dans le seul « Habiter en poète » de Pinson, Bonnefoy est cité plus de 30 fois, et Juvin pas une seule alors que c’est aussi bien non ? Mieux ? C’est triste et ça qui interroge non ?

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22 février 2016 1 22 /02 /février /2016 21:54

Le catalogue Gros Textes a migré ici : https://sites.google.com/site/grostextes/.

 

Cette semaine j’ai lu

Blanc de Thomas Vinau, éditions initiales, http://www.initiales.org/Blanc.html

Après Le noir dedans chez cousu main, Les Ailes grises chez les Venterniers, Des salades (vertes ?) chez Donner à voir et Bleu de travail à la Fosse aux ours, notre auteur arc-en-ciel peint un ensemble de textes genre post apocalyptique de toute beauté énigmatique et fascinant « Peut-être mes mains se souviennent-elles de quelque chose. Peut-être mes pieds ou mon ventre. Ma langue ne sert à rien ici. S’il le fallait pour survivre, nous pourrions la manger. »

 

Le roi de Kahel de Tierno Monénembo, point seuil

Le héros Aimé Victor Olivier de Sanderval est mort en 1919 au château de Montredon où j’ai passé mon enfance. Je l’ignorais. C’était un colonisateur sympa et le roman plutôt agréable  dresse une image bon enfant de la colonisation française en Afrique. Bon. J’en ai profité pour réécouter des conférences de l’historien Henri Guillemin :

https://www.youtube.com/watch?v=aF1xPL05KAw

https://www.youtube.com/watch?v=sFfLNwgi_Qo

tout en rééditant quelques bouquins de Thomas Vinau « Les chiens errants n’ont pas besoin de capuche » et « Fuyard debout » https://sites.google.com/site/grostextes/publications-2010/vinau-thomas

 

Une vraie boucherie de Bernard Jannin, j’ai lu

Du côté de Montredon, mon père était boucher. Ce court roman dont l’action se situe dans les années 60 évoque le monde du petit commerce avec un certain bonheur et une pointe de délire.

 

Le jour avant le lendemain de Jørn Riel, 10/18

Là on est du côté du chef d’œuvre genre « le vieil homme et la mer ». La vieille Ninioq voit sa tribu exterminée et se retrouve seule avec son petit fils un hiver polaire… C’est aussi tendre que cruel et laisse une trace profonde sur le lecteur. « Tout était éternel. L’immense nature ne pouvait être anéantie, et l’homme ne faisait-il pas partie de cette nature? Tout ce qui était vivant poussait, se reproduisait et mourait au même rythme éternel que les changements de saison. »

 

Cette semaine j’ai également réédité « Huit bouffées de sagesse papaoute », notre best seller de Karin Huet, https://sites.google.com/site/grostextes/publications-2010/huet-karin.

 

Une chanson pour lier tout ça...

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15 février 2016 1 15 /02 /février /2016 20:48

Le catalogue Gros Textes a migré ici : https://sites.google.com/site/grostextes/.

 

Cette semaine j’ai lu

Les vitamines du bonheur de Raymond Carver, éd. Stock

« Il s'arrêta dans sa marche. Il avait le cœur au bord des lèvres. Il se pencha au-dessus du caniveau. Sa gorge se soulevait, mais il n'en sortait rien. Il se redressa lorsqu'une voiture pleine d'adolescents braillards passa dans la rue, le saluant d'un grand coup d'avertisseur musical. Oui, se dit-il, un grand mal presse l'univers de toutes parts, et il lui suffirait de la moindre crevasse, de la plus minuscule fissure pour s'y introduire. »

L’écriture au scalpel et toujours le drame ordinaire qui couve quelque part.

 

Petits malentendus sans importance d’Antonio Tabucchi, 10/18

Un peu la même veine que Carver avec juste un peu plus de décors : « A force de danser, l'année suivante est arrivée. Ce fut l'année d'une phrase qui devint un emblème, nous en abusions parce qu'elle s'adaptait aux circonstances les plus variées: ne pas se trouver à un rendez-vous, dépenser plus que nous n'avions, oublier un engagement important, lire un livre considéré comme excellent et qui en fait était mortellement ennuyeux: toutes les erreurs, tous les quiproquos, toutes les méprises qu'on faisait, étaient "un petit malentendu sans importance". »

 

J’ai fabriqué

Ma muse s’amuse de Jean-Pierre Lesieur, préface de Claude Albarède

https://sites.google.com/site/grostextes/

Jean-Pierre Lesieur devrait être tenu pour le plus grand poète des cinquante dernières années et ce n’est pas le cas. Qu’est-ce qui a foiré ? Ben il passe son temps à s’amuser et ça ne pardonne guère dans notre triste époque.

«  Je marchais le long d’une rizière de roseaux / Sans penser à rien d’autre / Qu’à ne pas mettre mes bottines / Dans l’eau des flaques / Soudain j’aperçus dépassant au-delà des plumeaux / Une chevelure blonde / Portée par une femme / Vaporeuse silhouette / Je marchais le long d’une rizière de roseaux / Écoutant les merlettes / Battre la campagne / À la recherche d’un merle / Soudain je me souvins de la voix de l’enchanteur / Qui m’avait promis / De rencontrer par hasard / Une muse trop belle / En marchant le long d’une rizière de roseaux  / Et je jetais un regard en coin / Même en coincoin / Vers la chevelure blonde / Qui dépassait au-delà des plumeaux de roseaux  / Il y avait en dessous  / Des yeux de porcelaine / Qui brillaient dans le soleil / Ainsi rencontrai-je le long d’une rizière de roseaux / La muse poupée / Qui avait parcouru / Les chemins de mon enfance »

Je donne tout Bonnefoy, Meschonnic, Jaccottet et Bernard Noël pour une pirouette de Lesieur.

 

Et ces conseils de bon sens commun qui ouvrent et referment le recueil :

            « Pour choisir une muse il faut beaucoup chercher dans tous les livres de poèmes,  dans les bars et les brasseries, dans les lieux mal famés, dans les paquebots en partance, dans les clandés, dans les bals du 14 juillet, dans le port d’Amsterdam, dans les films pornos, dans les films d’amour, dans les films de cape et de petite épée, dans les autobus, dans les trains nationaux, internationaux et départementaux, dans les cimetières, dans les tramways de Lisbonne, sur les remblas de Barcelone, dessous le mennekein piss, aux sommets des buildings, sur les tire fesses, dans le canal d’Utrecht, dans les écluses du canal de l’Ourcq, vers la Villette, dans les petites voitures des quatre saisons, dans la forêt landaise, sur le mont de Marsan, dans les drames de Ionesco, dans les rhinocéros, sur les cantatrices chauves, aux terminus de la RATP, à l’assemblée nationale, aux portes du désert, à l’Alhambra de Grenade et celle de Paris, au carrousel du Louvre, dans les douves de Vincennes, à la poterne des peupliers, rue Saint Merri, dans le Marais, quand les cloches de Bâle sonnent à toute volée, dans les livres de Victor Hugo, dans le silence du Sahara, dans le bush, sur la banquise entre deux pingouins et une pingouine, à l’espace Pompidou, au salon de Provence, dans la cage d’un oiseau, dans Parole de Prévert, dans une cour de récréation de re création de dé création, dans les bottes du Père Noël, dans un renne, dans le petit Trianon de Marie-Antoinette, dans les femmes de Louis XV, dans la prison du Temple, dans le carreau du Temple, dans un temple bouddhiste, dans la rue des Archives.

            Pour choisir une muse ? ah ça oui ! il faut beaucoup chercher. »

 

« Si vous n’avez pas encore trouvé votre muse ne désespérez pas, elle est quelque part. Fouillez dans vos affaires, retournez les rideaux, téléphonez aux poètes, aux objets trouvés, à la poste restante, lancez vos plus fins limier sur la piste de la belle, intervenez  dans les médias, internétisez-vous, intentez une main courante en pouvoir de recherche, dévorez les dépêches du midi et d’ailleurs, rembobinez le fil d’Ariane, cassez les codes de la recherche fondamentale, devenez chercheur à la petite semaine, en titre, en technologie de base, prenez l’avion par le bon bout, écrivez dans tous les sens, inventoriez les caves de la bibliothèque nationale, multipliez les interventions poétiques, écrivez au bon dieu et à ses saints, implorez les géographes, déplumez les météorologistes, impactez les coups de foudre, dégommez les orages, éberluez les amazones et le saint frusquin, bouclez les ailes de la boucle de raie et le tour de France, vissez un vélo dans la tête des aventuriers, dégommez les chercheurs d’itinéraire qui ne trouvent jamais rien, éludez les allumeurs de réverbères étoilés, invitez les oiseaux au long cours, remontez les rivières et les mers en furie, cherchez, cherchez encore et toujours vous finirez bien par en trouver une pas trop moche et pour l’éternité nité. »

 

J’ai réécouté de vieux vinyles  de Gilles Elbaz que j’ajoute à la liste des chanteurs trop oubliés. C’était un parolier génial qui savait s’entourer de bons musiciens de jazz années 70. Je vous en livre deux titres qui barbotent pas trop loin finalement des muses à Lesieur.

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8 février 2016 1 08 /02 /février /2016 21:25

Le catalogue Gros Textes a migré ici : https://sites.google.com/site/grostextes/.

 

Cette semaine j’ai lu

« Nos îles, perdues jusqu’à demain" de Manuelle Campos, dessins de Cécile Dalnoky, Editions du Chameau. http://editionsduchameau.free.fr/NosIles2014.html

«Mais je sais qu’un jour me reviendront, / épluchés, poncés, raclés, lavés, / plus étincelants que les petits os des rongeurs, / les éclats de nacre de ce jour où je disposai / les indiens de mon enfance… »

 

Le sursis et la mort dans l’âme de Jean-Paul Sartre

« On est malheureux … quand on a froid ou qu’on est malade ou qu’on n’a pas de quoi manger. Le reste c’est des vapeurs. »

 

J’ai fabriqué Toujours non au littérairement correct d’Eric Dejaeger. Sans doute l’ouvrage le plus important paru depuis ce début de millénaire. https://sites.google.com/site/grostextes/

 

Une petite page d’histoire pour rester un moment avec Manuelle Campos

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31 janvier 2016 7 31 /01 /janvier /2016 21:03

Le catalogue Gros Textes a migré ici : https://sites.google.com/site/grostextes/.

 

Cette semaine j’ai lu du belge en powésie :

« Le violon pisse sur son powète » d’Eric Dejaeger, éditions Les Carnets du Dessert de Lune,

http://www.lautrelivre.fr/eric-dejaeger/le-violon-pisse-sur-son-powete

« La powésie est à la littérature ce que le charlatanisme est à la science. »

« Si un powète te cherche, cache-toi du mieux que tu peux. » Histoire de se faire des amis dans un certain milieu…

 

Microbe n°93, revue réalisée sans hormones de croissance !, janvier-février 2016.

http://courttoujours.hautetfort.com/sport/

Et une excellente cuvée que ce 93. « Si l’infirmière vous dit : / Et maintenant on va prendre une douche / Cela ne veut pas dire / Qu’elle va se déshabiller / Et prendre une douche avec vous / Cela veut dire / Que vous êtes vieux » (Sammy Sapin)

Ou encore « Soyons heureux, que diable !

« T’es à l’hosto, tu vas mourir. Ça arrive à tout le monde.

*

Tu cherches l’amour ? Tu le trouveras au milieu des concombres et des navets. Des figues et des amandes ? Aussi, mais tu auras besoin d’une échelle. » (Marc Bonetto)

Et je ne dis rien de la bataille d’aphorismes sur papier entre Stas, Querton, Guiot et Dejaeger…

 

Et en bilingue et écrit à quatre main par Catfish McDaris et Eric Dejaeger, Rock’n’roll poetry, Poésie rock’n’roll avec pour chaque poème deux contraintes, le délire et une référence à la musique. Et ça t’a un délicieux air d’un autre âge genre vinyle qui grésille grave mais qui fout la joie de même « Billy-le-Montagnard appris la mauvaise nouvelle / d’un poste à galène démodé & il tronçonna / un coquelicot dans lequel il façonna une flûte / traversière il se mit à jouer un blues rouge sang »

 

Cette semaine j’ai fabriqué :

Pleines lucarnes de François-Xavier Farine et Thierry Roquet.

https://sites.google.com/site/grostextes/

Et voilà que Gros Textes sort un recueil hommage au foot, cette propagande ininterrompue pour l’abrutissement, la vulgarité, la régression intellectuelle et l’infantilisation des masses populaires avec en prime une préface de ce grand couillon de Jean-Michel Larqué. On m’aurait dit ça il y a quelques années j’y aurais pas cru. Pourtant quand j’ai lu le manus des deux zigues, je me suis revu minot de Marseille du temps où mes héros s’appelaient Josip Skoblar, le butteur foudroyant, Magnusson, le dribleur de génie ou Jean-Paul Escale, le gardien qui passait parfois en voiture de sport dans ma rue (c’était au tout début des années 70). Il y a quelque chose d’émouvant à l’évocation de ces personnages  vite oubliés : « Didier Christophe, un colosse aux cheveux longs, hirsute et nonchalant, – sur le terrain, chaussettes toujours baissées –, look de hard-rocker : à peu près rien à voir avec les stars adulées du moment. / Et pourtant, le ballon dans les pieds, il faisait des miracles, soulevant l’approbation du public qui n’en revenait pas et en fit son chouchou. / Frappe de balle, jeu de tête et engagement le rendaient merveilleux. / Ce Quasimodo du football moderne était en réalité, pour le petit peuple des supporters lillois, un ange tombé du ciel qui rendait grâce au ballon rond. »

Bon j’ai quand même relu « Eloge de la passe » aux éditions libertaires dans la foulée : http://editions-libertaires.org/?p=412

 

J’ai fabriqué également pour le compte des Tilleuls du Square :

L’amer allé avec le soleil de Marie Monguet dont on a un aperçu ici :  https://sites.google.com/site/lestilleulsdusquare/

Un recueil de nouvelles en prise avec notre époque avec de ci de là des incursions en lisière de science-fiction. Cruel  parfois, mais aussi engagé, drôle et ironique souvent.

 

J’ai lu avec jubilation les deux premiers romans des chemins de la liberté de Sartre, L’âge de raison et le sursis. « Le malheur c’est que nous sommes libres », on est dans la suite de la nausée avec ces personnages en dérive dans des vies trop grandes dans l’âge de raison « Il faut avoir le courage de faire comme tout le monde, pour n'être comme personne. »

Le sursis se passe la semaine ou furent signés les accords de Munich en septembre 1938. Le rythme et la construction du roman sont étonnants, on retrouve les mêmes personnages noyés dans le flot de l’histoire et l’urgence de faire quelque chose car le temps presse et qu’il risque de s’interrompre.

« Ce n’est pas une question de nombre, dit Mathieu. Elle n’est pleine que d’elle-même, personne ne lui manque et elle n’attend personne. Elle continuera à n’aller nulle part et les même hommes se poseront les mêmes questions et raterons les mêmes vies. Jacques le regardait en souriant, pour montrer qu’il n’était pas dupe : - Et où veux-tu en venir ? –Eh bien justement, à rien, dit Mathieu. »

 

Cette semaine je me suis demandé ce qu’avait bien pu devenir Kevin Coyne, le rocker dépressif alcoolique, clochard, un peu fou (« mieux être fou que triste », il avait été infirmier psychiatrique), tour à tour génial et pitoyable que j’aimais écouter quand j’avais 20 ans, sans doute un écho du rock’n’roll poetry cité plus haut. Il est mort en 2004 d’une fibrose du poumon. Ses textes évoquaient les laissés pour compte, les éclopés de la vie, les égarés de la normalité, de façon brute et directe sans message à délivrer, juste témoigner et crier : « La grosse fille s’en est allée / Elle a l’intention de se suicider. » (Fat girl)

« Je vais à la maison sur la colline / L’endroit où l’on vous donne des pilules / Où l’on vous donne trois costumes par an / Et à Noël une bouteille de bière / Où les vieilles dames assises le long du mur du jardin / N’entendent jamais le chant des oiseaux / Ni ne remarquent les feuilles qui tombent / Car elles sont toutes folles / C’est drôle, si drôle que ça m’en fait pleurer / Si drôle, oh mon dieu, que parfois je voudrais mourir… » (House on the Hill)

« Un vieil homme entouré de ses livres / Sa table de nuit croule sous le poids des vieux journaux / Quinze chats grattent à sa porte / Et toute cette saleté qui jonche le sol / Vous avez raison, Madame Dupont / Vous le savez bien, Madame Durand / C’est un fou ! » (Lunatic)

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Je m'efforce d'insérer dans ce blog les annonces des publication des éditions associatives Gros Textes, des billets d'humeur et des chansons de ci de là. Ceci n'ayant rien d'exhaustif.

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Si des ouvrages présentés dans ce blog vous intéressent, vous pouvez les commander en envoyant un chèque correspondant à la somme indiquée (+ un forfait port de 1 €) à l'adresse des éditions :
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05380 Châteauroux-les-Alpes

pour tout renseignement complémentaire (conditions d'envois et de remises pour les libraires, collectivités...), vous pouvez écrire à gros.textes@laposte.net

Également Chez Gros Textes - Catalogue

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Les pages ventes par correspondance sont en chantier.

Nous allons tenter dans les semaines qui viennent de proposer à la vente à partir du blog certains livres de notre épicerie littéraire.

Pendant le chantier, si vous tombez sur un bouquin que vous cherchez, vous pouvez envoyer un mail à gros.textes@laposte.net, et on vous dit comment faire.