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4 juin 2017 7 04 /06 /juin /2017 22:41

Une heure avec Arbre(s), anthologie des éditions Donner à Voir, http://www.donner-a-voir.net/.

 

Pour la plupart, on retrouve les auteurs du chemin des poètes de Durcet et c’est un plaisir de se remémorer de bons moments. L’anthologie est à l’image de ces moments, quelque chose de simple et de fraternel, comme un clin d’œil à nos frères verticaux certainement plus proches de nous qu’on n’imagine. J’ai vu vieillir quelques arbres de mon enfance, un cerisier sauvage qui me servait de château-fort gamin et qui, aujourd’hui, ne tient à la vie que par un fil de quelques branches, on en a vu naître d’autres mourir, on voit ceux qui nous survivront et ceux qui serviront à nous chauffer. On vit avec leurs ombres, leurs fruits, leur bois et les tableaux qu’ils dessinent dans le paysage, changeant le tableau : « Il y a / sur le velours de la mémoire / un arbre qui penche et nous parle // Un arbre ou peut-être un ruisseau // Un arbre qui court en nous-mêmes // Et c’est cela qui chante en nous // Ce poème / - passager des feuilles - / qui réinvente les saisons / chaque matin. » (Alain Boudet).

 

Et parfois, il raconte, l’arbre, l’histoire de nos vies comme une école de patience et d’attention dans de multiples dimensions et sans avoir l’air d’y toucher : « Mon père avait planté un petit noyer / Il l’a arrosé, il l’a préservé des chevreuils / Par un grillage. / … Il allait le surveiller très souvent… / Nous sommes émus de tant de soin. / Le noyer pousse encore / Et se joue du mauvais temps / Alors que mon père n’est plus. / Sa protection a été efficace, / qui n’était ni policière ni militaire. / Mon père avait prévu : / Maintenant, il s’est bien déployé / Et s’étire sur plusieurs mètres. / C’est une œuvre à la noix ! »

 

Bon, elle traîne peut-être déjà quelque part sur le blog cette chanson de Louis Capart, mais bon, je trouve qu’elle fait joli ici aussi : https://www.youtube.com/watch?v=JEoy8YL--50

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3 juin 2017 6 03 /06 /juin /2017 21:21

Une heure avec « Pleins de vie » de John Fante. C’est toujours une fête pour moi un roman de Fante. Un roman bourré d’amour, d’humour et de poésie. Il n’y a rien qu’un accouchement qui se profile, un trou dans le plancher dans lequel faillit passer la mère, un père peu commode sensé venir le réparer. « Papa était debout près de la fenêtre de la salle d’attente. Quand j’ai posé la main sur son épaule, il s’est retourné. Je n’ai pas eu besoin de parler. Aussitôt il a pleuré. Il a posé sa tête sur mon épaule, et ses larmes m’ont fait mal. Je sentais les os de ses épaules, les vieux muscles tendres ; je respirais l’odeur de mon père, la sueur de mon père, l’origine de ma vie. Je sentais ses larmes brûlantes et la solitude de l’homme et la douceur de tous les hommes et la beauté infiniment douloureuse des vivants. »

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2 juin 2017 5 02 /06 /juin /2017 21:17

Une heure avec Jean-Pierre Andrevon que je connaissais essentiellement en tant qu’auteur de SF dont je fus fan (je lis beaucoup moins de SF aujourd’hui et j’avais un peu perdu de vue cet auteur), une heure avec son recueil de poèmes, Obstinément des femmes des chats et des oiseaux, éditions le pédalo ivre. Andrevon n’est pas poète, ça se sent et c’est ce qui me le rend extrêmement attachant, je veux dire il ne cherche pas à jouer au poète, il met un doux balancement à des propos d’une désarmante simplicité qui confère à ses écrits une sorte de grâce à la Prévert (le recueil se referme sur un inventaire) avec la pointe d’humour qui grince juste comme il faut : « Au bord du gouffre / qui nous attend / inévitablement / on dit on crie / on gémit / ah ! si j’avais des ailes / ah ! si j’avais des ailes / et une voix / en bas / nous fait / si tu en avais / mon gros nigaud / mon grand bêta / tu ne volerais pas / bien haut / on t’abattrait / vite fait ». Le vers est court, la rime facile n’est pas dédaignée façon comptine qui fait sourire mais qui aussi nous tire larme quand il parle de son ami juif, le petit Elie du temps de leurs quatre ans.

 

Poésie obstinée, cri d’amour à la vie (« Les enterrements / je les déteste / tant / que j’irai même pas au mien / ou alors en / me cachant / dans une caisse / au couvercle serré / juste por observer / par une fente / du bois / tous ces vivants / narquois ») qu’on déguste goulument par tous les bouts, c’est le prototype parfait du livre compagnon qui coule limpide sur nos saisons (ce qu’il en reste) : « Et les hivers et les étés // Et la froidure des hivers / et les fruits dorés de l’été / et les promesses printanières / l’automne rougi par les regrets / et le vent qui vient des montagnes / et la ville tendue de fumées / et tous mes châteaux en Espagne / la voix qui criait Liberté / et les révolutions à faire / et les révolutions manquées / et les révoltes de poussière / et la poussière des années / et les années dans les années / et dans le puits de ma mémoire / un livre d’occasions manquées / ma tête ouverte aux courants d’air / de ce qui me reste d’hivers »

 

Andrevon, il chante également et c’est vraiment bien (je conseille d’écouter jusqu’à la fin) :

https://www.youtube.com/watch?v=BNKysICrJlo

https://www.youtube.com/watch?v=2G7_23ENXJI

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1 juin 2017 4 01 /06 /juin /2017 22:17

Une heure avec Le loup toqué de Nikolaï Zabolotski, éditions la rumeur libre, traduit par Jean-Baptiste Para. http://www.larumeurlibre.fr/auteurs/nikolai_zabolotski.

C’est une anthologie poétique avec des œuvres qui courent de 1926 à 1958 soit l’ensemble de ses années d’écriture.

 

J’ai retrouvé dans la première partie l’univers naïvement déjanté qui m’avait séduit dans l’œuvre de son copain Daniil Harms. Sa biographie témoigne des mêmes souffrances liées aux purges staliniennes des années 30 dont les deux auteurs furent victimes. Il raconte dans cette anthologie en quelques pages saisissantes et terrifiantes, comme toujours dans ce genre de récits, l’histoire de son incarcération qui va sensiblement modifier son écriture me semble-t-il.

 

Dans l’ensemble de textes qu'on peut qualifier de jeunesse et qui donne son titre à l’anthologie Le loup toqué, on lit une sorte de fable où un loup tente de dépasser sa condition avec une force révolutionnaire utopique : « J’ai découvert quantité de lois. / Si vous placez une plante dans un bocal / Et soufflez dessus avec un tube en métal, / La plante s’emplira d’air animal / Et vous verrez sortir une petite tête, / Des menottes, des gambettes, / Et les feuilles se flétriront à jamais. / Grâce à ma force d’âme / J’ai cultivé un petit chien à partir d’une plante / Qui s’est mise à chanter comme une jeune mère. » Cette tentative échoue, le loup toqué meurt, on lui rend hommage, « Nous, les loups, nous poursuivrons là-bas / Ton œuvre éternelle. Cap vers les étoiles. »

 

Une pointe de mélancolie cachée derrière un absurde avant-gardiste est cependant toujours présent qui va dominer l’écriture à son retour de camp en 1945. « Fais donc tinter tes cloches, carillonneur ! / N’oublie pas que le monde est couvert d’écume et de sang ! / J’ai souhaité reposer à Ravenne, / Mais Ravenne n’était pas le remède non plus. » Continuons à chercher alors.

 

Si vous avez un moment pour écouter la voix et l'énergie incroyable de Vissotski,

c'est dans le ton  https://www.youtube.com/watch?v=x_HhWosCvYc

 

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31 mai 2017 3 31 /05 /mai /2017 23:16

Une heure avec Équiper les anges – et dormir, dormir de Katia Bouchoueva, éditions la passe du vent, http://www.lapasseduvent.com/Equiper-les-anges-et-dormir-dormir.html#livre826.

 

Elle nous envoie des nouvelles Katia, avec son accent russe qui segmente en musique les syllabes du français, des nouvelles mais aussi « un poisson, une chouette, un opinel, deux douilles à dissoudre dans une bière bien tassée… ».

 

Elle arrive avec ses nouvelles là où on ne l’attend pas, on peut parler d’Objet Poétique Non Identifié, bon je sais c’est bête mais il y a aussi plein d’animaux au fil des pages, parfois en peluche. A ce propos, elle sait Katia voir la poésie dans des lieux aussi insolites que les manifs pour tous. Elle nous recopie ce message d’un(e) manifestant(e) : « Si j’aime mon ours en peluche / je vais épouser mon ours en peluche ?... On peut aller loin vous pouvez épouser n’importe quoi / puisque c’est le résultat de votre volonté / avec ça je peux épouser mon champ de carottes… ». Merveilleux. Et elle enchaîne : « Comment me marier avec vous, sapin ? / Avec vous, olivier, cèdre, chêne ?... » Ah le beau sourire de la dérision quand il déborde d’amours improbables et pourtant tellement évidents, « nous nous aimerons comme des vieilles / armoires au teint ocre pâle / dans ce lieu haut et sombre, / dans ce lieu haut et sale. » C’est aussi ça qu’on aime, cette poésie pas trop bien léché qui lorgne vers le slam qui sait communier avec les pleins de poux qui picolent un vin pourri mais qui marchent en mélodie.

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30 mai 2017 2 30 /05 /mai /2017 20:16

Une heure avec la revue Décharge n°173 (http://www.dechargelarevue.com/Decharge-173.html).

J’aime bien Jean-François Mathé, ses textes, l’auteur je le connais pas. « Tu as regardé le vent / finir en lambeaux dans les arbres / et plus aucun appel n’est venu / de ce que tu avais pris pour une voix. » Il est de ces auteurs dont les phrases font presque toujours écho, je sais pas pourquoi et ne cherche guère à le savoir.

Sympa, trop sympa Jacmo, on dirait qu’il a pensé à moi question écho en faisant se succéder Mathé, Sourdin, Berchoud et Cornière.

 

Aller, de Bruno Sourdin, je vais sortir pour les besoins de cette heure un memoriam à l’ami Jégou, le marin sorte de parrain de Gros Textes (un des tout premiers poètes à nous avoir confié des textes du temps où je connaissais personne) «… Et maintenant qui m’appellera frère ? / Qui versera du vin pour me consoler ? Qui braillera avec moi à tue-tête sans se soucier du lendemain ? / Qui m’accompagnera dans ma longue nuit ? / Tous sanglots ravalés // Je détourne la tête pour cacher mes larmes / Je sais seulement qu’il est parti / Je ne sais où » (en gras un vers extrait de « Une meurtrière dans l’éternité » d’Alain). Je me souviens, ça me fait penser à notre au revoir sur un quai de gare à Gap une fois qu’on l’avait invité par ici. On avait tous les deux caché nos larmes avant de nous quitter. C’était la deuxième fois qu’on se voyait et comme il était déjà bien malade, chacun se doutait qu’il n’y aurait pas de troisième.

 

Merde, y’aurait pas des trucs plus gais ? Ben non après c’est pareil pas pire avec des extraits de « le dit des rides » de Bruno Berchoud. Il excelle pour parler des vieilles personnes Berchoud. Là c’est sa maman. Un peu d’humour quand même lorsque la Mère s’insurge quand son fils lui ramène un ventilateur – faut ventiler les vieux depuis qu’ils sont morts en grappes en 2003 – « Elle dit, le geste à la parole sa main en marionnette à hauteur de la tempe, c’est mon fils qui déraille prendrait sa mère pour une voiture ». Malgré tout, il arrive un moment où c’est comme ça « Mais non ma mère, la chaise ou l’escabeau tu n’y monteras plus », on en est tous là.

 

François de Cornière, ben lui il fait toujours dans le condensé de vie qu’il fait tenir avec son temps et son espace en quelques lignes qui font mouche à tous les coups. La question banale, le petit nuage que tu sais pas pourquoi il vient te bouleverser, la musique du moment, les vieilles photos comme des fantômes ou des voix lointaines qui se sont tues (pas tout à fait quand même, déconne pas, sinon le poème sert à rien), des scènes de film avec un silencieux (le machin pour tuer en toute discrétion), une pancarte au bord de l’autoroute qui indique ligne de partage des eaux… « Mon émotion est toujours là. / Je me demande / ça tient à quoi ? / ça tient à quoi ». J’en suis là aussi et je crois que je me fous de la réponse.

 

Si vous avez encore le temps pour une jolie chanson zavez qu’à cliquer là : https://www.youtube.com/watch?v=4az34HljL9s

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29 mai 2017 1 29 /05 /mai /2017 22:09

 Une heure avec la revue Verso 169 « gouffres » http://revueverso.blogspot.fr/

Une heure à baguenauder entre découvertes et retrouvailles. Rayon découvertes, citons Basile Rouchin. Je suis en train de lire des livres de Raymond Federman (pas ses poèmes, ses récits autobiographiques) (https://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Federman si vous connaissez pas) et ce Basile Rouchin c’est des trucs de famille à petites touches délicates, mais assez précises pour qu’on voie très bien de quoi il s’agit, qui m’ont fait penser à Federman (on passera une heure avec lui un peu plus tard). « Comment se sentir chez soi ? Enfant parachuté dans un drôle de décor, je me déplie, police à gros caractères, entre papa, maman et le petit frère. Des fumigènes internes dissimulent la scène figeant ainsi les sourires. Un invisible public manifeste en force : élevage d’inconnus en batterie, poulailler à fantasmes mal insonorisés. Aujourd’hui encore, une voix ténue souffle entre nos échanges, étire ses sous-titrages confus. »

 

Plaisir de retrouver des poèmes de Line Szöllösi (je regarde trois fois si j’ai bien écrit son nom) « Je pense à vous comme on lisse une planche… ». Et puis bon je vais pas faire trop long avec les citations mais quand même j’ai envie de vous copier Tante Jeanne (chrétienne résistante) de Jean Luc Lamouille « L’avenir du monde ? / Cela ne l’intéressait pas vraiment. // Seuls les oiseaux, qui venaient picorer / depuis des années et à heure régulière, / le riz concassé qu’elle leur jetait, / la fascinaient. / Elle y voyait la patte du Créateur. / Ce fut notre seul objet de discorde. »

 

Aller, on a une pensée pour toutes les tantes Jeanne et leurs oiseaux, leurs petits chats, leurs géraniums. J’ai une pensée pour la voisine Odette qu’on a enterré vendredi dernier, qui nourrissait les chats du quartier, râlait chaque fois que je la croisais parce que les chats ils n’arrêtaient pas de se reproduire et que ça en faisait vraiment trop et qu’elle savait pas comment ça allait finir cette histoire. Voilà, elle avait 82 ans et un visage de petite fille ce qui n’a rien à voir avec Verso mais peut-être avec la poésie (un peu non ?). 

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5 mars 2017 7 05 /03 /mars /2017 17:23

Bon faudrait quand même se réveiller, c’est presque le printemps. Du coup j’ai lu un peu.

De la poésie :

Décharge 172, décembre 2016 (http://www.dechargelarevue.com/Decharge-172.html)

Ça caresse et rassure parfois, « on vit en se tenant aux lignes comme aux bords d’un bastingage » ou ça claque et surprend quand Yves-Jacques Bouin nous invite à découvrir cette remarquable poète autrichienne, Margret Kreidl, « Rester couché / Ne pas pleurer / Joindre les mains / Ne pas rire / Montrer son derrière / Dire merci / Ne pas s’endormir », on découvre Estelle Fenzy, « nous rassemblons les arbres / et nous crions : forêt », on sourit avec Yves Ellien et on réfléchit avec Claude Vercey, on a plaisir à retrouver Guy Allix et on se quitte avec l’humour pongien d’Igor Quézel-Perron, bref on n’a pas perdu son temps et puis « Contre toutes les apparences / de l’histoire et de nos vies / C’est toujours la bonté qui gagne / la bonté, l’intelligence, la beauté. » Alors…

 

Microbe n°SANG dit l’ULTIME, mars 2017(http://courttoujours.hautetfort.com/sport/)

Dernier rencart du pas de côté de la poésie.

« Garde ton sang-froid pour la tombe.»

« N’importe quel enfant de chœur vous le dira : le sang du Christ a goût de vinasse.»

On salue l’aventure des compères belges.

*

Des romans à caractère social :

Un petit boulot de Iain Levison :

« Je suis un sacré fêlé? Regarde autour de toi, Ken, un monde sans règles. Il y a des gens dont le boulot consiste à faire passer des tests anti-drogue à des employés de magasin. Des gens qui veillent à ce que d’autres n’apportent pas d’arme au boulot. Des gens dans des immeubles de bureaux qui essaient en ce moment même de calculer si licencier sept cents personnes leur fera économiser de l’argent. Quelqu’un est en train de promettre la fortune à d’autres s’ils achètent une cassette vidéo qui explique comment améliorer leur existence. L’économie c’est la souffrance, les mensonges, la peur et la bêtise. »

« Les hôpitaux ferment, les restaurants ferment, même les soldeurs ferment. Pourquoi les postes de police restent-ils ouverts ? Le besoin de punir la populace locale est visiblement plus important que celui de la soigner, la nourrir et l'habiller. »

 

Les tribulations d’un précaire de Iain Levison

« D'accord, nous avons fait des progrès depuis l'édification du barrage Hoover ou depuis que les ouvriers mouraient en construisant les voies ferrées, mais l'attitude des entreprises vis-à-vis de ceux qui accomplissent le travail est restée la même. »

« Au cours des dix dernières années, j’ai eu quarante-deux emplois dans dix États différents. J’en ai laissé tomber trente, on m’a viré de neuf, quant aux trois autres, ça a été un peu confus. (…) Sans m’en rendre compte, je suis devenu un travailleur itinérant, une version moderne du Tom Joad des Raisins de la colère. À deux différences près. Si vous demandiez à Tom Joad de quoi il vivait, il vous répondait : “Je suis ouvrier agricole.” Moi, je n’en sais rien. L’autre différence, c’est que Tom Joad n’avait pas fichu quarante mille dollars en l’air pour obtenir une licence de lettres. »

*

Et toujours des pépites sur le blog de Cyril C Sarot :

Ce matin j’ai écrit, puis j’ai passé l’après-midi à lire Les nuits d'octobre de Gérard de Nerval, suivi de plusieurs pages du journal de Rudigoz, puis d’un chapitre des Frères Karamazov (Le grand Inquisiteur), suite justement à un propos de Rudigoz sur la liberté. Et l'on voudrait me faire croire que j’aurais fait quelque chose de plus noble, de plus urgent, de plus « utile » en consacrant ma journée à chercher un emploi ?


(En réalité, c’est assez simple : ceux qui veulent empêcher quiconque, talentueux ou pas, d’écrire, de lire, de questionner, de mettre en doute, de s'aménager l'espace et le temps de réfléchir à ce qu'il désire, de créer, de rêver, d'explorer, de penser, au profit d’objectifs subalternes qui ne participent en rien de l’élévation de l’être ; ceux-là mêmes sont les ennemis de l’esprit, de l’intelligence, du vivant et pour tout dire : du genre humain.)

Cyril C Sarot blog https://lapoetiquedumoineau.wordpress.com/

 

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30 décembre 2016 5 30 /12 /décembre /2016 20:25

Et voilà les trois dernières publications Gros Textes 2016.

 

Le dernier oiseau du solstice de Jean-Pierre Gandebeuf

Un recueil de poésie foldingue mais d’une foldinguerie parfaitement maîtrisée, tout ce que j’aime.

 

« L’amour est un acquis précieux qu’il ne faut pas galvauder : /  une petite réserve pour les nuits sans lune, sous / l’ensauvagement précieux des bocages et des sites / d’anachorètes perpétuellement soumis au silence, c’est tout. »

 

« Je ne saurais faire beaucoup mieux qu’assez bien. Telles / sont mes limites. Si je m’accoude au bar, c’est pour méditer / sur Pluton et boire les yeux fermés deux décalitres de fleurs / de framboisier. Il ne faut jamais changer d’encre. »

 

Le bubon de Florentine Rey

La première rencontre avec Florentine ce fut sur une scène d’un théâtre de poche à Sète pendant de festival des voix vives. J’avais adhéré à cette poésie performé qui met en joie et en éclats de rire.

https://www.youtube.com/watch?v=9p9BkLEyzzo

Dans Le bubon, avec trois fois rien, un bout de dérisoire, Florentine nous dessine une métaphysique du minuscule insolite.

« Quand il dégonfle la peau plisse. //
Le BUBON est un frisson, un frisson de chair de poule, une petite mort dans la bouche. / Le BUBON : une fenêtre ouverte sur l’au-delà. / Messager du divin ? / Dieu venu mettre son grain de sel dans ma bouche ? / DIEUBUBON récupère ta marmaille ! // Et si produire des BUBONS c’était donner forme à la mort ? / Et si le BUBON m’empêchait de mourir ? »
 

Cannibale Bambou de Thierry Renard

C’est un qui regarde sa vie du haut de ses cinquante balais. Et ça nous cause d’amour, de temps qui passe, du monde comme il va ou ne va pas, de la société déglinguée qu’il faut bien prendre du temps pour la reglinguer, il appelle ça faire de la politique, et ça cause aussi poésie, littérature et quotidien, de sexe, de tristesse et de joie, d’enfants et de petits enfants. Il a des postures de grand ado le Thierry dans l’écriture, une poésie naïve qui fonce droit sans regarder en se foutant bien de la bienséance littéraire. Je suis ravi de finir 2016 avec ça.

« La voix et le souffle m’ont été donnés / la voix et le souffle ainsi que la musique des mots / la musique des paroles pauvres abandonnées / et tout le bruit que font / les gens qui parlent une autre langue que la mienne / et tout le bruit qui m’est renvoyé à la face aux oreilles / Il est minuit et je me penche sur moi-même / Il est midi et je rouvre enfin les yeux / Nice place Garibaldi rue Rusca et le port / j’ai longtemps marché sous le soleil / me suis assis aux terrasses ai bu un café et un autre / puis une menthe à l’eau glacée / un Perrier avec une rondelle de citron / Avec moi trois compagnons d’infortune / trois illustres naufragés rescapés / Allen Ginsberg Nick Tosches Pasolini / Avec moi trois passagers clandestins...»

 

Et dans notre épicerie littéraire, place du village à Châteauroux-les-Alpes, on peut trouver (peut-être) Les hauts-quartiers de Paul Gadenne, éd. Points seuil.

Un gros pavé que l’on peut qualifier légitimement je crois de Dostoïevskien tant l’analyse psychologiques des personnages y est poussée autour de personnages dont on ne parvient pas à épuiser la complexité avec en parallèle une analyse d’une société de l’après-guerre où une bourgeoisie bousculée réaffirme son pouvoir misérable sur le dos des plus faibles. Au centre du propos, il y a un héros trainant une existence trop lourde et qui prétend maladroitement réaffirmer en pure perte une simple liberté de penser dans un monde d’hypocrisie.

« Didier ressentit devant Lucien l’espèce de respect compatissant que l’on éprouve pour ceux qui ont souffert à notre place. Car nous avons tous mérité d’être malheureux, trahis, malades, déportés, et il y en a quelques-uns seulement qui paient pour nous. Nous avons tous mérité de naître sans patrie et d’être persécutés à cause d’un signe que l’Ange a inscrit pendant la nuit de notre naissance sur notre visage ou notre porte – et seuls quelques-uns le sont. »

Et pour illustrer un document qui rend compte de l’œuvre et de l’auteur : http://www.ina.fr/video/CPF10005871

 

Et un peu de tendresse libertaire pour finir l'année avec un qu'il faut pas oublier : 

« …Moi j’voulais simplement /  Qu’on me parle d’amour / Qu’on m’dis’ les homme’s les chiens / Sans qu’ça tourne au discours / Qu’on m’dis’ les mains les bras / Mais qu’on m’ dis’pas les poings / Les poings ça sert à rien / Qu’à matraquer dans l’tas / / Les flics ça suffit bien / Puisqu’on les paye pour ça… »

 

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22 décembre 2016 4 22 /12 /décembre /2016 20:26

Le 22 décembre 1991, paraissait notre première publication, le numéro 1 de la revue.

J’avais écrit ceci en guise d’édito :

 

« J’ai quelque chose à dire et c’est très court » (Louis Scutenaire)

Ecrire comme nous faisons, oblique et transversal, c’est peut-être simplement la façon pour nous de devenir un peu plus ce que nous sommes déjà : des synthèses d’urgence et de patience.

Nous serons brefs… Notre revue n’étant qu’un tout petit lopin de terre perdu dans l’immensité littéraire, nous serons les apôtres de la concision et des genres qui s’y rattachent, à savoir : histoires et essais de six pages, nouvelles de deux, poèmes d’extrême contraction, pensées, citations et aphorismes, bref, la revue de celles et ceux qui n’ont pas que ça à faire, qui ont petit lopin de terre à retourner.

 

J’ai fait une pause d’un peu plus de six mois histoire de voir comment dessiner les 25 prochaines années. Et bien, c’est pas encore très clair mais je vous tiendrai au courant.

 

En attendant, je conseille toujours le blog de Cyril Sarot, qui pourrait condenser sans en avoir l’air l’âme grostextique telle que j’aurais pu la rêver :

« Il est urgent de se forger une langue libérée qui saura s'opposer à la langue libérale. Une langue insoumise et charnelle, pulsée de fous rires et d'audace, de silences et d'éclats, d'invention et de rêve, de nerf et de désir. »

Cyril C. Sarot

https://lapoetiquedumoineau.wordpress.com/2016/10/30/semaine-32/

Elle est née sans même laisser une lettre pour expliquer son geste.

https://lapoetiquedumoineau.wordpress.com/2016/11/06/semaine-33/

 

 

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Portrait du blogueur

dans un spectacle Gaston Couté

couté

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pourquoi bloguer

Je m'efforce d'insérer dans ce blog les annonces des publication des éditions associatives Gros Textes, des billets d'humeur et des chansons de ci de là. Ceci n'ayant rien d'exhaustif.

pour commander des livres

Si des ouvrages présentés dans ce blog vous intéressent, vous pouvez les commander en envoyant un chèque correspondant à la somme indiquée (+ un forfait port de 1 €) à l'adresse des éditions :
Fontfourane
05380 Châteauroux-les-Alpes

pour tout renseignement complémentaire (conditions d'envois et de remises pour les libraires, collectivités...), vous pouvez écrire à gros.textes@laposte.net

Également Chez Gros Textes - Catalogue

bouquinerie

 

 

Les pages ventes par correspondance sont en chantier.

Nous allons tenter dans les semaines qui viennent de proposer à la vente à partir du blog certains livres de notre épicerie littéraire.

Pendant le chantier, si vous tombez sur un bouquin que vous cherchez, vous pouvez envoyer un mail à gros.textes@laposte.net, et on vous dit comment faire.