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9 février 2019 6 09 /02 /février /2019 21:43

Que naissait Thomas Bernhard en 1931. Je suis heureux qu’il me reste encore à lire pas mal de livres de cet auteur qui pour ma part aide à vivre et penser. A penser contre, à tout dézinguer dans le plaisir très élémentaire et jubilatoire qu’on prend dans l’acte de démolir. Jusqu’à l’acte de lecture tel qu’il est admis, linéaire et intégral.

Il m’arrive de surprendre, étonner (provoquer ?) des interlocuteurs(trices) qui manifestent parfois une franche réprobation lorsque je leur dis que je publie des livres dont je n’ai lu que quelques lignes (et ne lis pratiquement jamais dans leur ensemble les manuscrits que je reçois). Pour écrire les quelques lignes quotidiennes de ce blog je passe quelques minutes chaque soir à feuilleter des pages dans une sorte d’urgence relative pour y trouver ce que je pense être une perle de hasard. Thomas Bernhard me conforte dans cette démarche. J’en suis content.

«… je n'ai jamais lu un livre jusqu'au bout, ma façon de lire est celle d'un feuilleteur supérieurement doué, c'est-à-dire d'un homme qui préfère feuilleter plutôt que lire, qui feuillette donc des douzaines, parfois même des centaines de pages avant d'en lire une seule ; mais quand cet homme lit une page, alors il la lit plus à fond qu'aucun autre et avec la plus grande passion de lire qu'on puisse imaginer.

Ce sont d'ailleurs les fragments qui nous donnent le plus grand plaisir, tout comme la vie nous donne le plus grand plaisir quand nous la regardons en tant que fragment, et combien le tout nous paraît horrifiant et nous paraît, au fond, la perfection achevée. C'est seulement si nous avons la chance, lorsque nous en abordons la lecture, de transformer quelque chose d'entier, de fini, oui, d'achevé en un fragment, que nous en retirons une grande et parfois la plus grande jouissance. » (Maîtres anciens)

 

C’est également un 9 février que mourait Pierre Dac en 1975. Pas besoin de feuilleter longtemps pour trouver une pépite : « Auteur dramatique échangerait pièce en quatre actes contre trois pièces et une cuisine. »

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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 20:35

Que naissait Neal Cassady en 1926. Un écrivain beat qui fut tellement occupé à brûler sa vie qu’il oublia d’écrire des livres. Reste un recueil de poèmes, un roman autobiographique et un gros paquet de lettres aux copains et bien sûr le mythique personnage Sur la route du roman de Kerouac avec cette mort le long d’une voie ferré une nuit d’hiver.

« Illico, illico, illico, illico, pas demain mais tout de suite, t'entends, sale branleur de pequenaud, TU TE TROUVES UN BOULOT ! Tu m'entends, espèce de flemmard, cossard, tire-au-flanc, vermine, bon à rien, durant trois malheureuses semaines tu vas devoir supporter un boulot écœurant 8 heures d'affilée, non, encore mieux, (haha) deux boulots, oui, voilà, tu feras la plonge ou tu balaieras toute la nuit et tu secoueras des sodas toute la journée, 16 heures par jour, et pendant ton temps libre tu prendras un job à temps partiel pour distribuer des journaux tous les matins de bonne heure. Choisis les boulots les plus durs et fais pénitence, espèce de vieux schnok, rampe dans la merde de l'horreur quotidienne pour quelques billets à la con. »

 

Ce 8 février en écho à Cassady, j’ai feuilleté le numéro 6 de la revue Voluptiare Cogitationes daté de l’hiver 85 avec le ch’ti beat Gaston Criel : « La putasserie en résille tourne du cul sur talons boiteux, ne manque pas de vampiriser le pingouin… Pigeon, lapin, buse, corniaud, godichon, gobe-mouche, gobeur, la ménagerie humaine a d’infinies ressources pour rire et amuser le visiteur qui nait en son zoo… »

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7 février 2019 4 07 /02 /février /2019 21:05

Que naissait Paul Nizan en 1905. Gilles Balbastre dans son film Les nouveaux chiens de garde a eu la bonne idée de montrer cet incroyable extrait d’émission diffusée à une heure de grande écoute à la télévision des années 60, https://www.youtube.com/watch?v=-L2M7GfyIgs.  

Philosophe ou pourfendeur de la philosophie, Nizan fut aussi un excellent écrivain (comme Sartre), auteur notamment d’Antoine Bloyé, livre poignant et lucide au style sobre qui raconte la vie romancée du père de l’auteur, fils d’ouvrier qui montant dans l’échelle sociale en vient à trahir sa classe tout en étant au final rejeté par la classe bourgeoise. Au terme de son existence, il pressentira la futilité dérisoire de  son ascension sociale qui l’aura coupé de sa vie. J’ai toujours grande émotion et souvent la larme à l’œil à lire ces romans qu’on rattache au « réalisme socialiste ».

« Il vivait sans doute, qui ne vit pas ? Il suffit d'avoir un corps bien étanche pour imiter les attitudes de la vie. Il agissait, mais les ressorts de sa vie, les mobiles de son action n'étaient pas en lui. »

Et puis on respire aussi en avance quelques vapeurs bourdieusiennes : « De plus hauts destins sont réservés aux fils des grands bourgeois, des bourgeois des métiers libéraux, des destins ornés par les mots de passe des Humanités, mais quelles réserves parmi les fils d'ouvriers bien doués, quelles inépuisables sources de bons serviteurs. On a besoin d'eux, on les séduit donc en leur promettant le grand avenir des chances égales, c'est la démocratie qui monte comme un soleil, chaque fils d'ouvrier a dans son cartable un diplôme de Conducteur d'Hommes, un diplôme en blanc de bourgeois... »

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6 février 2019 3 06 /02 /février /2019 19:58

Que naissait Jean Grenier en 1898 qui fut le prof de philo de Camus.

« Il existe dans toute vie et particulièrement à son aurore un instant qui décide de tout. » Quand j’ai rien d’autre à faire, je m’interroge sur cet instant.

Jean Grenier également lié pour moi à un matin de début septembre 1981 où je débarqué un sac à dos sur les épaules gare de Lyon par le train de nuit Briançon-Paris. J’étais insoumis au Service National et j’allais clandestinement travailler pour une association dans la capitale. La flicaille ne mettra que quelques mois pour me retrouver ce qui suffit à me convaincre que je n’étais vraiment pas fait pour la délinquance. Dans mon sac, il y avait Les îles : « J'ai beaucoup rêvé d'arriver seul dans une ville étrangère, seul et dénué de tout. J'aurais vécu humblement, misérablement même. Avant tout, j'aurais gardé le secret. Il m'a toujours semblé que parler de moi-même, me montrer pour ce que j'étais, agir en mon nom, c'était précisément trahir quelque chose de moi, et le plus précieux. »

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5 février 2019 2 05 /02 /février /2019 20:55

Que naissait Liliane Wouters en 1930. Il est des noms de poètes comme ça qu’on n’aura croisés que dans quelques revues et dans quelques chansons (de Julos Beaucarne, https://www.youtube.com/watch?v=s8gcJokVZG0), dont on trouve douce l’écriture mais dont on ne sait presque rien.

« Pas rien, pas rien, le petit vent de l’aube, / le petit rose du petit matin, / changé en pourpre, en noir, en nuit de taupe. / Je suis la taupe et le ciel est lointain. // Pas rien, pas rien, les flaques sur la plage, / la dune blonde et la blonde clarté, / la mer sans fin et les vagues sans âge. / Nous n’y aurons dansé qu’un seul été. // Pas rien, pas rien, même si l’on décompte / les vaches maigres, les années de chien. / J’aurai vécu tel jour, telle seconde. / C’était trop peu, mais ce ne fut pas rien. »

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4 février 2019 1 04 /02 /février /2019 22:48

Que naissait Jacques Prévert en 1900 qui a dit entre autres : « On ne fait jamais d'erreur sans se tromper. »

Ça c’est tout récent et j’adore quand la poésie est en même temps extrêmement drôle et extrêmement triste ou qu’on sait pas bien : https://www.youtube.com/watch?v=8CvzzP4yrwU

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3 février 2019 7 03 /02 /février /2019 20:30

Que Bohumil Hrabal fit un grand saut d’une fenêtre d’hôpital en 1997. Ses romans mêlent l’humour et le tragique dans des explosions verbales et des délires dionysiaques où la parole commune, l’insignifiant et le superflu ont des places de choix. Ce que Milan Kundera synthétise ainsi : « L’incroyable mariage de l’humour plébéien et de l’imagination baroque ».

Ceci extrait de son roman le plus connu Une trop bruyante solitude :  « Car moi, lorsque je lis, je ne lis pas vraiment, je ramasse du bec une belle phrase et je la suce comme un bonbon, je la sirote comme un petit verre de liqueur jusqu'à ce que l'idée se dissolve en moi comme l'alcool; elle s'infiltre si lentement qu'elle n'imbibe pas seulement mon cerveau et mon cœur, elle pulse cahin-caha jusqu'aux racines de mes veines, jusqu'aux radicelles des capillaires. »

 

En 2006, nous avions sorti un numéro de la revue Liqueur 44 entièrement consacré à la littérature thèque qui comprenait une traduction de Poldi la belle, poème fleuve traduit et présenté par Jean-Gaspard Páleníček. Je viens de le mettre sur calameo. Aller on prend une grande inspiration.

https://fr.calameo.com/read/001180540b639b3a10d3f

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2 février 2019 6 02 /02 /février /2019 21:51

Que naissait André Blanchard en 1951. Si on a goût pour Perros, Cioran, Sarot, Georges, Lichtenberg, Chamfort ou Forneret, il serait dommage de passer à côté de Blanchard. Si l’on nourrit quelque aversion pour les modes, le clinquant, le moderne, la frime, la consommation, l’envie de parvenir, l’art contemporain et qu’on privilégie la solitude, le détachement, les chats, l’ironie mordante, la littérature de derrière les fagots de bestsellers, n’importe quel bouquin d’André Blanchard devrait vous réjouir. Il s’agit de carnets, journaux de bord façon Papiers collés de Perros, classés par mois et années qui témoignent d’un regard incisif sur le monde à partir de sa marge. Méconnu de son vivant, cinq ans après la mort de son auteur cette voix s’efface doucement. Il ne fit pas grand-chose pour qu’il en fût autrement. Il reste néanmoins une petite tribu genre romanichels pour se réjouir de cette écriture singulière, sensible et élégante : « De vrais garnements, ces mots ! dès que j’ai le dos tourné, c’est parti ! Ils font le cirque dans ma tête : des phrases ? des livres ? mais il suffit de demander ! Que je fasse seulement mine de retourner à mes cahiers, plus un ne moufte. »

Et puis pour l’amateur d’aphorisme, ceci peut être rassurant : « La flemme de développer, pourvu qu’on l’ait un peu racée, cela fait un style. »

 

André Blanchard fut gardien d’une salle d’exposition municipale à Vesoul où il vécut. Il portait un regard pour le moins caustique sur l’art contemporain qu’il devait défendre professionnellement.

« Arrivent à la galerie pas mal de cartons qui sont invitations à des vernissages ; ça vient de tout le grand Est, via des institutions redoutables comme les F.R.A.C. Là se niche la crème de l'art contemporain dans toute sa panoplie de petit terroriste : installations, vidéomachins, peintures conceptuelles. C'est instructif, à rebours : perdre nos repères, voilà à quoi on nous convie ; ça facilite pour recruter les nigauds. Du moins cela permet-il de percer à jour ce qui assoit cet art, c'est-à-dire la peur. Le public a peur de passer pour ridicule, et stupide, et vieux jeu s'il manifestait son incompréhension. Donc il se tait.

C'est tout ce que demande cet art ; et, à la limite, peu lui chaut de n'avoir aucun public. Ne lui laisse-t-il pas comprendre qu'on n'est pas du même monde ? »

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1 février 2019 5 01 /02 /février /2019 21:13

Que mourait Pierre Garnier en 2014. Il aimait les oiseaux. Ses œuvres complètes sont publiées aux éditions des vanneaux. « la fatigue tombe enfin du corps / il neige / la fatigue est tombée // le cimetière est couvert de neige / en été ce sont des fleurs // les ailes des oiseaux et des anges sont des / croix – / les oiseaux entrent de partout ici // et la terre ouvre une bouche tendre »

 

Et puis je viens de finir la fabrication d’un livre de Lucien Wasselin (https://sites.google.com/site/grostextes/publications-2018/wasselin-lucien) qui dans un ouvrage aux éditions L’herbe qui tremble avait rendu un hommage à Pierre Garnier, Le temps, la lumière éternelle. Ce qui suit est extrait de Lieux, villégiatures, souvenirs & autres instantanés : « ICARE TÊTE EN BAS // depuis ta chute Icare / tu es bien oublié / l'eau s'est refermée sur ton corps / des mots rien que des mots // seul aujourd'hui / l'oiseau qui tombe / tête vers le bas / évoque ton souvenir // qui dira la fragilité du corps »

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31 janvier 2019 4 31 /01 /janvier /2019 21:23

Comme j’ai rien à dire sur les nés et les morts du jour, j’ai trouvé un écho à mon état d’esprit dans le numéro de Traction Brabant 82 (j’aurais pu causer de l’édito toujours pertinent de Patrice Maltaverne http://traction-brabant.blogspot.com/ mais c’était beaucoup d’effort) avec ce poème de Salvatore Sanfilippo : «  PARÉIDOLIE / Une paréidolie / Est un phénomène naturel / Consistant à reconnaître / Des formes diverses / Dans un nuage / Y’en a qui y voient / Une tête de lapin / Un chou-fleur / Un homme grenouille / Un camion-citerne / Moi quand je lève la tête / Je vois… / Qu’il va pleuvoir / Et bien sûr / J’ai pas de parapluie »

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Portrait du blogueur

dans un spectacle Gaston Couté

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Je m'efforce d'insérer dans ce blog les annonces des publication des éditions associatives Gros Textes, des billets d'humeur et des chansons de ci de là. Ceci n'ayant rien d'exhaustif.

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pour tout renseignement complémentaire (conditions d'envois et de remises pour les libraires, collectivités...), vous pouvez écrire à gros.textes@laposte.net

Également Chez Gros Textes - Catalogue

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Les pages ventes par correspondance sont en chantier.

Nous allons tenter dans les semaines qui viennent de proposer à la vente à partir du blog certains livres de notre épicerie littéraire.

Pendant le chantier, si vous tombez sur un bouquin que vous cherchez, vous pouvez envoyer un mail à gros.textes@laposte.net, et on vous dit comment faire.