Que naissait Thomas Bernhard en 1931. Je suis heureux qu’il me reste encore à lire pas mal de livres de cet auteur qui pour ma part aide à vivre et penser. A penser contre, à tout dézinguer dans le plaisir très élémentaire et jubilatoire qu’on prend dans l’acte de démolir. Jusqu’à l’acte de lecture tel qu’il est admis, linéaire et intégral.
Il m’arrive de surprendre, étonner (provoquer ?) des interlocuteurs(trices) qui manifestent parfois une franche réprobation lorsque je leur dis que je publie des livres dont je n’ai lu que quelques lignes (et ne lis pratiquement jamais dans leur ensemble les manuscrits que je reçois). Pour écrire les quelques lignes quotidiennes de ce blog je passe quelques minutes chaque soir à feuilleter des pages dans une sorte d’urgence relative pour y trouver ce que je pense être une perle de hasard. Thomas Bernhard me conforte dans cette démarche. J’en suis content.
«… je n'ai jamais lu un livre jusqu'au bout, ma façon de lire est celle d'un feuilleteur supérieurement doué, c'est-à-dire d'un homme qui préfère feuilleter plutôt que lire, qui feuillette donc des douzaines, parfois même des centaines de pages avant d'en lire une seule ; mais quand cet homme lit une page, alors il la lit plus à fond qu'aucun autre et avec la plus grande passion de lire qu'on puisse imaginer.
…
Ce sont d'ailleurs les fragments qui nous donnent le plus grand plaisir, tout comme la vie nous donne le plus grand plaisir quand nous la regardons en tant que fragment, et combien le tout nous paraît horrifiant et nous paraît, au fond, la perfection achevée. C'est seulement si nous avons la chance, lorsque nous en abordons la lecture, de transformer quelque chose d'entier, de fini, oui, d'achevé en un fragment, que nous en retirons une grande et parfois la plus grande jouissance. » (Maîtres anciens)
C’est également un 9 février que mourait Pierre Dac en 1975. Pas besoin de feuilleter longtemps pour trouver une pépite : « Auteur dramatique échangerait pièce en quatre actes contre trois pièces et une cuisine. »