Crac de Sophie Braganti
A force de marcher sur la pointe des pieds pour voir au loin j'ai réussi à faire un peu silence je n'ai pas grandi malgré quelques étirements et courbatures mais du dernier étage derrière ma fenêtre entre les cheminées blanches des immeubles j'ai vu la mer par-dessus les toits et par-dessus la mer la Corse et un poète comme à chaque fois que j'écris par-dessus
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La société on est un grand nombre dans la ferme avec la basse-cour et si on en sort c'est ferme-la la société on est un grand nombre dans la ferme avec la basse-cour et si on en sort c'est ferme-la et moi le perroquet aussi
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Les vuvuzelas vous vous êtes là à fêter la coupe du monde du bruit c'est pas tout à fait le vol du bourdon qui butine les fleurs ni celui de Rimski-Korsakov mais ça le donne
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Le poème est sur mon dos je le porte comme les abeilles le pollen on ne sait presque rien des fleurs qui le produisent ni du miel à venir
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Quand je recouds le pantalon de mon fils je rassemble les chairs je répare je me remets sur pieds raccommodée avec les déchirements du monde
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Poussée par la bise dans le pas je pense à tous ceux à qui je ne pense pas ou pas assez à tous ceux à qui je ne pense plus et à tous ceux à qui je pense trop et je larmoie
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Devant la porte de l'appartement dans la cité années 60 et 70 on pouvait laisser un chien un paillasson et une clé le chien sur le paillasson la clé sous le paillasson il n'y avait pas d'ascenseur on pouvait monter l'escalier sans avoir peur jouer avec les sonnettes et se cacher on pouvait crier dans la cour lancer des balles et crier on pouvait chanter et danser allumer des pétards et crier se battre grimper aux arbres jouer à se faire peur faire du vélo de la carriole rouler des patins on disait pas rollers et montrer comme un trophée de guerre une égratignure
Pour en savoir plus sur l'auteur : Sophie Braganti
ISBN : 978.2.35082.219.8
80 pages au format 10 x 15, orné de 7 photos couleur de l’auteur hors pagination,
7 € (+ 1 € de port – port compris à partir de l’achat de 2 exemplaires)