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18 décembre 2012 2 18 /12 /décembre /2012 20:27

Tropique du Suricate de Pierre TréfoisTrefois.jpg

 

UN SURICATE D’OBÉDIENCE TROTSKYSTE

 

 Prophète de la guerre des nerfs ou sentinelle de l’imbroglio, je vis et fomente mes coups de semonce à l’emporte-pièce. Cela me donne au moins le sentiment qu’urgence équivaut à bien-fondé et que les petites parties (six milliards de Surmoi opiacés) constituent, à leur manière, un Grand Tout (la ruche humaine). On se parodie comme on peut – plus besoin de grimaces dans le miroir en miettes ni de se marcher sur la queue pour se penser sosie du rattus norvegicus.

J’habite à la campagne, loin du vallon natal, dans la garrigue où les lucioles croient éclairer le monde entier avec une rigueur assez typiquement pascalienne.

Longtemps j’ai été trotskyste les nuits de pleine lune, adepte ataraxique de la permanence de la Révolution et autres caroles des astres. Longtemps je me suis bardé d’aphorismes dont l’élégie renvoyait dos à dos timoniers du Ciel radieux et déclarations d’amour rupestre.

Pas une semaine ne passait sans son lot d’appels aux zombis – enjolivés de solos de guitare à tombeau ouvert.

Je vibrais sur pilotis ; je n’amortissais pas mes chutes.

Le rouge m’inséminait.

Les suricates de ma fratrie m’ont exclu pour cause d’activisme en chambre, aggravé de tendances ironiques rédhibitoires – on ne badine pas avec la lutte des classes, les pendules du Hasard dialectique ou les flux et ressacs des marées prolétariennes.

Quant à mes filles, elles se sont mises en tête d’aller piquer les moustiques dans les contrées à forte densité de nuits blanches. D’où leur départ sur la pointe des pieds, en danseuses, pour « ailleurs » selon leur propre terme. Je n’ai plus le courage de dénaturer leurs dires, surtout s’ils se condensent en un seul adverbe.

J’ai bien envisagé d’apprivoiser un héron dans mon lavabo mais j’ai battu en retraite : à quoi bon me lancer dans une énième aventure romantique et cendrée, vouée à faire pâle figure sur mon échiquier collatéral ?

Les circonstances, qui donnent aux êtres la hargne de s’extasier et le velouté de leurs retombées, sont donc idéales pour le recueillement et l’exploration de cet Autrui, accessoirement nommé « moi-même », qui squatte ma carcasse. Gnoti séauton : on connaît cette séculaire chanson, sans jamais l’entonner à cœur-joie. Au contraire : je suis comme ce joueur de balalaïka qui déchiffre les Variations Goldberg sur une partition en italique, sans penser plus loin que le bout de son imago, quoique…

 

*

Le manque perpétuel

Si je tombe à court

de poésie,

je contemple

ma femme,

mon chat

ou mon jardin.

Le manque se mue

alors en plénitude,

vu que ma femme

s’est taillée

en emportant

le chat

et le jardin.

 

90 pages au format 10 x 15 cm, 7 €

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