Prendre le temps
G |
ros Textes Arts et Résistances est une revue qui se cherche et qui prend son temps.
Gros Textes Arts et Résistances remercie ses lecteurs pour l’accueil réservé au premier numéro.
Tiré au départ à 200 exemplaires, il nous a fallu en retirer 50 par deux fois et je m’apprête à le faire une troisième pour avoir quelques exemplaires du numéro 1 à vendre cet été. Près de 80 lecteurs ont choisi de nous soutenir en s’abonnant.
Voici pour les chiffres. Ils dessinent nos limites en termes quantitatifs. Je ne discuterai pas les limites. Elles correspondent à notre histoire, l’histoire de Gros Textes (bientôt 20 ans).
Gros Textes Arts et Résistances est une revue qui se cherche dans sa forme. Il y a bien sûr les questions de mise en page auxquelles nous voudrions apporter une attention particulière considérant que la manière de porter un discours doit être en harmonie avec celui-ci.
Mais au-delà de la forme ? Nous voulons transmettre une forme de poésie qui s’autorise à intervenir dans cette critique radicale d’un système dont on refuse encore à considérer les limites bien qu’elles apparaissent de plus en plus évidentes. Nous voulons transmettre une poésie qui accompagne une critique radicale d’un capitalisme qui la refoule, la nie ou la méprise. Face à la toute puissance de l’économie et du chiffre, il pourrait sembler que la poésie ne pèse pas lourd. Et pourtant comme nous le rappelaient neuf intellectuels antillais il n’y a pas si longtemps « Toute vie humaine un peu équilibrée s’articule entre, d’un côté, les nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en clair : le prosaïque) ; et, de l’autre, l’aspiration à un épanouissement de soi, là où la nourriture est de dignité, d’honneur, de musique, de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie, de spiritualité, d’amour, de temps libre affecté à l’accomplissement du grand désir intime (en clair : le poétique ) ». Ces paroles élémentaires devraient être martelées jusqu’à ce qu’on les entende ou plutôt explorées jusqu’à ce qu’on s’en imprègne vraiment. C’est à ce type d’exploration que voudrait se livrer Gros Textes dans cette décolonisation de nos imaginaires évoquée chez certains alternatifs. Dépassé bien sûr le grotesque et caricatural « travailler plus pour gagner plus » avec lequel s’amuse Claude Vercey dans ce numéro. Jean-Claude Liaudet, lui, continue d’explorer les mythes et légendes de la sarkozie (et ce n’est bien sûr pas le personnage qui nous intéresse mais cet autre imaginaire qu’il symbolise). Pour résister, le peuple s’est longtemps appuyé sur ce qu’on appelle « la gauche », Jean Klépal et Alain Sagault nous esquissent à leur manière un état des lieux (nous y reviendrons nécessairement). Et si d’aventure nous partions chanter viva la revolution avec le portrait du Che sur la poitrine, on peut tendre l’oreille vers Jean-Paul Leroux avant le départ afin de garder intacte notre capacité de douter et ne céder à aucun dogme ou pensée préfabriquée. Et ne pas oublier de se moquer de nos adversaires avec pastiche et dérision. Ne pas oublier non plus que la vie est vaste et que la galerie des émotions, des sensibilités, de l’expérience personnelle exprimée et partagée constitue la matière première des résistances. Prêter main forte à ces pistes exploratoires est aussi une fonction de la poésie. Il s’agit quelque part d’une vieille tradition que Paul Ariès dans un éditorial très inspiré de son journal « Le Sarkophage », (n°15) remet au goût du jour en nous fourbissant des armes : « A-t-on assez pensé à l’importance de la poésie et des poètes dans la Résistance ? Qui se souvient que c’est le grand poète roumain, Mircéa Dinescu qui a lancé, sur les ondes radiophoniques, l’appel à l’insurrection contre les Ceausescu ? Écoutons ce que nous dit le poète militant guadeloupéen Patrick Chamoiseau : le principe d’une poétique, c’est de parier sur les formes invisibles qui se trouvent dans le réel. Cette dimension poétique du vivant, c’est celle des grands mythes, y compris révolutionnaires. Une vie simple, c’est déjà une vie qui rappelle l’urgence et la beauté de vivre. » Gros Textes se propose de s'insérer dans cette urgence mais en prenant son temps. Le temps de vivre les résistances partagées.
Yves Artufel
Sommaire
1 Yves Artufel : Prendre le temps
2 Anne Poiré : Nathalie Potain 1966-2009
Maquis et Résistances
5 Claude Vercey : Ode au président S.
7 Jean-Claude Liaudet : Mythes et légendres de la Sarkozie, l’home africanus, archétype du français moyen
11 Jean Ganzhorn : Le cocopitalisme ou cacapitalisme
12 Stéphane Beau : le livre est mort, vive le livre
16 Jean Klépal : La gauche, une illusion poétique ?
18 Alain Sagault : La politique, un réalisme illusoire : pour un retour à la morale
23 Jean-Paul Leroux : Demain la révolution ?
28 Eric Simon : De la lettre au poème, le poème de la lettre : les lettres de Rimbaud de 1871 à 1872
29 Fernando Carreira : Si hier laborieusement je vous ai enlevé le bas…
31 Xavier Dupenlou / François Pecqueur : Les aphorismes de notre temps
Dossiers GT
34 Christian Garraud / Angelo Verga : En conversation
36 Angelo Verga : Eloge pour ce qui reste
En vrac et poésie
51 Jean-Christophe Belleveau : Eprouver
53 Hervé Péchoux : Description d’une démarche artistique
57 Patrick Joquel : Saint-Paul Trois Châteaux
60 Christian Bulting : Au revoir grand gaillard qui le jour à peine levé…
61 Stéphane Beau : Ego-graphies
64 Jean-Claude Touzeil : Parloir
66 Thomas Vinau : Lettre ouverte au sale goût dans ma bouche
68 Wallonie chronique, André Stas, petit dossier « découverte » préparé par Eric Dejaeger
71 Lou Raoul : S’enfuir / s’enfouir
73 Dominique Forget : Lampes de poche
75 Marie Monguet : Du nouveau ! Encore du nouveau ! Ça ne change pas !
77 Raphaële Bruyère : Là donc, un hêtre de 43 mètres…
81 Anaïs Escot : Ce qui compte n’est pas de compter…
84 Fabrice Marzuolo : Autoportrait d’un autre… Nous le poètes ratés
87 Salvatore Sanfilippo : A tous les contrariés…
88 Mylène Joubert : Quelque part quelqu’un est fragile
En vrac et en chroniques
93 Dominique Forget : Lectures à ciel-ouvert
95 Jean Foucault : Le verbe égaliter
96 Yves Artufel : En vrac et en dentelles
Ce numéro de 100 pages est vendu 9 € (+ 2 € de frais de port).
L'abonnement simple pour 2 numéros c'est 17 €