Que mourait Raymond Guérin en 1955. C’est un grand oublié de la littérature et pourtant putain qu’est-ce-que des romans comme L’apprenti ou Les poulpes sont attachants : « Le Grand Dab s'éveilla. La clarté grise de l'aube s'insinuait. C'était la fin de la nuit. Trop courte, Toujours trop courte. Ne tremble pas, mon âme. Ah, laisse-moi vaincre, oubli de la nuit, les tourments de ce rude univers ! »
Quant à moi constatant comme un idiot que les jours diminuent et qu’on va vers l’hiver, j’ai écrit ceci qui devrait paraître aux éditions Gros Textes dans quelques semaines, quelques mois ou années dans un recueil ayant pour titre Mots d’amour susurrés les pieds dans le fumier suivi de Contrôle périodique de la tension des méridiens : « L'OMBRE PROCHE DES JOURS QUI DIMINUENT / PUIS QUI RALLONGENT, / C'EST COMME ÇA DEPUIS TOUJOURS // Puis vint le froid / le grand rire du froid / la buée à la bouche / et nos pauvres soleils en lévitation / sur les traces de l’été encore un peu de sable / dans le cordage des espadrilles // Les regrets éternels forgent / un éclat de minuscule voix / c’est toujours ainsi // Ici tremble un personnage / qui ne sait pas combattre / on ne lui a pas appris / ne connaît que l'ombre à la bouche / parfois les clairs rubans du vent / l'entendent sangloter dans les veines du port / pas de chance camarade, / pas manger, pas nager, pas aimer / / reste alors à dormir à mourir // entre deux silex »