Que naissait Alain Jouffroy en 1928. Jeune homme, j’étais fasciné par son exaltation de la révolte, de la liberté, de la provocation et puis j’ai gratté un peu et j’ai pressenti la baudruche imbécile, bébête : « Je proclame le droit - Pour le poète - De transgresser les lois de toute Histoire - Je proclame le droit - Pour le poète qu'est tout homme - D'opposer sa pensée aux vagues collectives - Je proclame le droit intempestif - Pour le poète qu'est tout homme - De parler de lui au cœur de toute calamité - Je proclame le droit pour chacun de proclamer sa vérité - Je proclame le droit pour chacun de se priver de droits - Je proclame le droit pour chacun de ne pas se justifier. » C’est peut-être moi qui vieillis mal mais ce genre d’incantations m’exaspère. Je leur préfère les vers paisibles, l’errance vague, la sensation approximative : « J’ai toujours aimé me perdre, dans les villes ou ailleurs, / ce qu’on appelle «perdre son temps ». // L’emploi de la vie n’est pas un emploi du temps, / mais des espaces que l’on découvre en y avançant au hasard. // On respire enfin, hors tout itinéraire. / On pourrait appeler la vie l’emploi de la respiration. // Jusqu’à l’expiration, magnifique, finale. »