Que mourait Clément Rosset l’année dernière. C’est une photo de sa bouille sympathique qui m’a invité à lire quelques uns de ses livres qui lient de façon très accessible philosophie et malice.
« Je suis au bord d'un bras de mer qui me sépare d'une côte située au large. Survient quelqu'un qui me dit : "D'ici une heure ou deux, une barque viendra vous prendre pour vous transporter là-bas." J'acquiesce mais me demande pourquoi je dois aller là-bas, où je n'ai rien à faire. Il est vrai que je n'ai rien à faire ici non plus.
Au-delà de l'allusion claire au fleuve des morts et à son nocher Caron, le plus pénible est ici le sentiment, persistant après le réveil, que je ne sais ni ce qu'il y a là-bas, ni ce qu'il y a ici, ni qui m'a parlé, ni qui je suis. Il ne reste qu'à continuer à ne rien faire, comme L'Innommable de Beckett.» (Le Monde perdu)