J’ai appris le décès de Francis Krembel, le poète de Béhuard, l’île sur la Loire tout près de Rochefort. Mais aussi le poète de la simplicité amicale, de la fabrique du rêve (artisan des éditions « Traumfabrik »), de la fidélité aux origines malgré tout.
« N’être plus de là, du lieu. / Sentir glisser lentement et partir / ce que fut sa vie / devenir l’étranger dans les villages. // N’être plus que l’être de passage / sentir se clore une époque et un lieu. // Être l’être de l’errance / le marcheur hérissé de stridences / aller pourtant vers l’essentiel. // Être nu, comme l’homme du siècle finissant. / Pas voulu, pas choisi, pas forcément subi. // Nous nous étonnons tout de même / de vivre ainsi dans un indéfini matin d’exil. » (Dans l’île – Gros Textes 2007).
Depuis 12 ans à intervalles raisonnables, il confiait à Gros Textes un manuscrit toujours d’une grande délicatesse.
https://sites.google.com/site/grostextes/publications-2010/krembel-francis
https://sites.google.com/site/grostextes/publications-2014/krembel-francis
https://sites.google.com/site/grostextes/publications-2017/krembel-francis
Devrait sortir ce printemps, « Conversation entre un poète et un philosophe » avec ce poème qui clos le recueil comme un message essentiel : « Cassons ce monde, buvons ! // Sortons de novembre, du noir, / de la nuit et de la pluie. / Rayons les rafales tueuses, / d’un petit feu d’humanités. // Patience, en attendant buvons un Savennière, un Gewurtztraminer sans âge. D’Ouest en Est, du Nord au Sud, layonnons le Layon, comme disait Jean Carmet l’acteur de passage, faisons fondre les glaces de l’effroi. // Cassons ce monde clos / par les granits du désespoir, / délayons les rafales sournoises et imbéciles. // « Boire du vin et étreindre la beauté / vaut mieux que l’hypocrisie du dévot / Si l’amoureux et si l’ivrogne / sont voués à l’enfer / Personne alors ne verra la face du ciel. »* // Trinquons, à la philosophie, la poésie, / à l’amour, à la vie.// *Robâiyat Quatrains Omar Khayyâm »
Et aussi, écoutons la voix de Christophe Jubien lisant Francis Krembel :