Que Jack Micheline choppait un infarctus dans un train du côté de San Francisco en 1998. Figure méconnue en marge du mouvement beat dans les années 50 et 60, la rue était son domaine avec sa rudesse et ses fleuves de vin rouge, il y colportait des recueils plus ou moins bien ronéoté et les gueulait à qui voulait bien l’entendre. Son recueil « Un fleuve de vin rouge » préfacé par Kerouac a été traduit et édité au Dernier Télégramme il y a quelques années.
« Je veux du vin / les cailloux dans ma tête ne se transformeront pas en pain. / Aujourd’hui c’est mon anniversaire cinquante-six ans et tout ce que je possède c’est une poche vide. / Ma vieille figure de poivrot est toute vérolée et balafrée. / Je tremble méchamment de tous mes membres dans cette foutue brise glaciale. / Ai voyagé loin avec une centaine de guitares / la petite musique dans mon crâne vacille et s’éteint. / Me suis traîné sur une béquille sur plus de dix mille kilomètres / à chercher des sourires / à fredonner des mélodies / pâtée pour chien couteaux de cuisine néon éblouissant dans le fauteuil d’un coiffeur. / Mes gosses sur la route depuis très longtemps et ma femme complètement dérangé depuis tant d’années. / Le bleu du ciel c’est à travers des picrates rouge sang que je l’ai regardé / désir vampire vivant ma vie / avec le Christ. / La mort m’a pourchassé ici et là. / La vie en moi s’éteint vite. / Faut que je me colle à la route la route la route / tirer sur mon mégot / c’est toujours trop long quand je suis parti parti parti / Aujourd’hui c’est mon anniversaire et le blé ne va pas pousser dans ma tête / je veux du vin / du vin / du vin »
En écho ce 27 février, j’ai picoré dans le dernier Thomas Vinau C’est un beau jour pour ne pas mourir (Le Castor Astral). Comme je suis un peu long aujourd’hui, j’y reviendrai un autre jour mais je peux pas aller me coucher sans recopier ceci : « Tu sens la feuille morte // pis t’as le sourire froissé / couleur ankylosée / le starter défectueux / le givre envahissant / la récalcitrance mal taillée / tu te laisses pousser l’automne / t’es beau comme un matin / qui ne veut pas se lever »