il y a 100 ans jour pour jour que Jacques Vaché, un jeune homme de 24 ans venant juste de sortir vivant de la grande guerre, exagérait avec l’absorption de boulettes d’opium et mourait pour voir ce que ça fait, ne laissant que quelques lettres et vagues croquis qui suffirent pour en faire un des précurseurs du surréalisme et une ombre qui allait planer longtemps sur une partie des lettres françaises. Belle efficacité le bougre, monument de révolte dandy et de nihilisme potache dont toute l’œuvre pourrait tenir dans cette fulgurance : « L'Umour dérive trop d'une sensation pour ne pas être difficilement exprimable – Je crois que c'est une sensation – J'allais dire un SENS - aussi - de l’inutilité théâtrale (et sans joie) de tout. »
Philippe Soupault évoque cette époque avec une concision qui me ravit.
Raoul Vaneigem dans son fameux traité de savoir vivre à l’usage des jeunes générations nous donne également une piste éclairante : « …« Je serais ennuyé de mourir si jeune », écrivait Jacques Vaché, deux ans avant de se suicider. Si le désespoir de survivre ne s’unit à la nouvelle prise de conscience pour bouleverser les années qui vont suivre, il ne restera que deux «excuses» à l’homme isolé : la chaise percée des partis et des sectes pataphysico-religieuses, ou la mort immédiate avec Umour. »