Que mourait Jean Tardieu en 1995. Je goûte toujours sa sagesse burlesque d’un humour jamais vraiment noir. « Oh ! Que j’ai envie de prendre racine / et de n’être plus qu’une respiration immobile / entourée du vent des montagnes. »
Et puis la question récurrente du temps qui revient comme les fêtes et un défi à la raison. « Tout le monde il est là / comme les autres jours / mais aujourd’hui c’est un autre jour / c’est une autre lumière : // aujourd’hui c’est hier. »
En écho à Tardieu avec toutes nos heures qui tombent comme dans un puits, je peux signaler que je viens de boucler la fabrication de cet ouvrage d’Antoine Sanipolas, plaisante tournée autour des horloges qui justement n’ont cesse de tourner : https://sites.google.com/site/grostextes/publications-2018/sanipolas-antoine-1
« On assiste à la dérive des heures / avec l'impuissance / de qui joindrait le futile / au lamentable / dans sa tentative héroïque / de siphonner la pluie / avant qu’elle soit tombée. »
Suivi de non moins plaisants blasphèmes et théorèmes : « THÉORÈME DE LA FIN // On a beau plier les gaules / au moment opportun, / on n’est jamais certain / de laisser place propre et nette / à celui qui viendra / prendre la suite / de ce côté-ci de la rive. »