Que mourait deux génies discrets, Samuel Beckett en 1989 et Julien Gracq en 2007. Ce dernier refusa le Goncourt en 1951, quant à Beckett, il considérait l’attribution du Nobel comme une « catastrophe » et c’est son éditeur, Jérôme Lindon qui alla le chercher à sa place.
Deux adeptes de la solitude, de la pénombre et de l’effacement. Exemplaires.
« Pourquoi se refuser à admettre qu’écrire se rattache rarement à une impulsion pleinement autonome ? On écrit d’abord parce que d’autres avant vous ont écrit, ensuite, parce qu’on a déjà commence à écrire : c’est pour le premier qui s’avisa de cet exercice que la question réellement se poserait : ce qui revient à dire qu’elle n’a fondamentalement pas de sens. Dans cette affaire, le mimétisme spontané compte beaucoup : pas d’écrivains sans insertion dans une chaîne d’écrivains ininterrompue. »
Julien Gracq (en lisant en écrivant, José Corti)
Et ce soir près du feu pendant que chauffait la soupe je feuilletais « Compagnie » de Beckett et j’ai relevé ceci page 50 : « Tu n’entends plus tes pas. Sans entendre ni voir tu vas ton chemin. Jour après jour. Le même chemin. Comme s’il n’y en avait plus d’autre. Pour toi il n’y en a plus d’autre. »