Qu’est mort Jean Giono en 1970. (Ah non c'est un 9 octobre mais demain c'est Brel, donc je laisse filer l'erreur). Hier soir au téléphone, Ivan Nikitine me disait qu’il venait de se délecter du « grand troupeau ». J’ai souvenir profond et émerveillé de la fin de ce roman :
« Le berger prend l’enfant dans ses bras en corbeille. Il souffle sur la bouche du petit. « Le vert de l’herbe », il dit. Il souffle sur l’oreille droite du petit. « Les bruits du monde », il dit.
Il souffle sur les yeux du petit. « Le soleil. » « Bélier, viens ici. Souffle sur ce petit homme pour qu’il soit, comme toi, un qui mène, un qui va devant, non pas un qui suit. »
Aujourd’hui 8 octobre 2018, j’ai lu « J’ai le souvenir carnivore » d’Olivier Cousin, éd. La Part Commune. Il y a bien sûr les plus vieux, les choco BN et les écorchures aux genoux, les sacs de billes et les marelles. Et puis il y a la suite, le prolongement, les cartes postales du quotidien, la fidélité à ce qui n’existe pas, la mémoire. Entre les deux dans un interstice incertain, la voie est libre :
« Je n’irai pas / par quatre chemins / déclarer ma flamme / aux dévastateurs de destin // Je n’irai pas même à cloche-pied / dévaler la pente savonneuse de l’existence // Je laisse la voie libre / et la route dégagée / à qui voudrait / courir à sa perte // Nulle intention au bel âge / de dégringoler dans le vide / ni de prendre mon envol / Le paradis m’attendra / ou pas »