Qu’est mort Henri Michaux en 1984. C’était un vendredi comme aujourd’hui.
J’ai tout près de mois depuis longtemps « Poteaux d’angle » que j’ouvre presque au hasard pour ne pas aller trop loin avec cette affaire : « Communiquer ? Toi aussi tu voudrais communiquer ? Communiquer quoi ? tes remblais ? – la même erreur toujours. Vos remblais les uns les autres ? / Tu n’es pas encore assez intime avec toi, malheureux, pour avoir à communiquer. »
Ce 19 octobre, j’ai annoncé sur le site la parution d’un ouvrage de François Philipponnat "Cent remarques sur tout". Des pensées qu’on pourrait placer dans une certaine proximité avec Michaux.
« Des participants reviennent / de prendre l’air // On termine la réunion // en espérant qu’il en reste ».
Rien de sentencieux dans ces pensées qui ont la modestie de s’estimer simples remarques, ah non, l’auteur cultive plutôt la légèreté presque évanescente, les évidences qu’on ne voit pas, la banalité qui s’érige en révélation « Et je suis resté là // à regarder les moineaux // restés là pour les miettes ». C’est bien la grande question ça, être là pour témoigner du quasi rien : « Sans qu’il y paraisse, on est toujours là // On se rappelle à l’attention du monde // Bien vivant / comme un frigidaire la nuit // - quand on dort dans la cuisine ». Et vous l’aurez compris, lorsque sur tout planent le doute et les points d’interrogation, on s’accroche au sourire salvateur comme chez Michaux. « Au loin, un cavalier a cessé d’appeler son cheval / Peut-être l’a-t-il retrouvé ? / Peut-être a-t-il renoncé ? / -Peut-être n’a-t-il pas de cheval ? »