Une heure avec « Tant et tant de guerre » de Mercè Rodoreda, traduit du catalan par Bernard Lesfagues, Aralia.
C’est un type tout jeune que ça va pas fort avec ses parents parce qu’il veut tuer sa petite sœur, du coup, il se barre à la guerre. On sait pas laquelle, le roman ne dit presque rien de cette guerre, il y en a presque pas de guerre ou alors tellement lointaine et pourtant là quand même. Le jeune soldat pas soldat rencontre des gens, parle avec eux ou ne parle pas, découvre un monde qui va pas bien à cause de cette guerre qu’on voit pas certainement mais on n'est pas sûr. Il y a une violence sourde qui résonne à côté d’une ambiance onirique, une fantaisie poétique adossée à l’horreur, le merveilleux côtoie le cauchemar. Un truc bien envoûtant.
« Peu de temps après naissait ma première petite sœur. Et, le soir, je me plantai. Après avoir creusé un trou très profond au pied du noisetier, j'y entrai et je me couvris de terre jusqu'aux genoux. J'avais apporté un arrosoir rempli d'eau et je m'arrosai. Je voulais qu'il me pousse des racines: n'être plus que branches et feuilles. »