Une heure avec Jean-Pierre Andrevon que je connaissais essentiellement en tant qu’auteur de SF dont je fus fan (je lis beaucoup moins de SF aujourd’hui et j’avais un peu perdu de vue cet auteur), une heure avec son recueil de poèmes, Obstinément des femmes des chats et des oiseaux, éditions le pédalo ivre. Andrevon n’est pas poète, ça se sent et c’est ce qui me le rend extrêmement attachant, je veux dire il ne cherche pas à jouer au poète, il met un doux balancement à des propos d’une désarmante simplicité qui confère à ses écrits une sorte de grâce à la Prévert (le recueil se referme sur un inventaire) avec la pointe d’humour qui grince juste comme il faut : « Au bord du gouffre / qui nous attend / inévitablement / on dit on crie / on gémit / ah ! si j’avais des ailes / ah ! si j’avais des ailes / et une voix / en bas / nous fait / si tu en avais / mon gros nigaud / mon grand bêta / tu ne volerais pas / bien haut / on t’abattrait / vite fait ». Le vers est court, la rime facile n’est pas dédaignée façon comptine qui fait sourire mais qui aussi nous tire larme quand il parle de son ami juif, le petit Elie du temps de leurs quatre ans.
Poésie obstinée, cri d’amour à la vie (« Les enterrements / je les déteste / tant / que j’irai même pas au mien / ou alors en / me cachant / dans une caisse / au couvercle serré / juste por observer / par une fente / du bois / tous ces vivants / narquois ») qu’on déguste goulument par tous les bouts, c’est le prototype parfait du livre compagnon qui coule limpide sur nos saisons (ce qu’il en reste) : « Et les hivers et les étés // Et la froidure des hivers / et les fruits dorés de l’été / et les promesses printanières / l’automne rougi par les regrets / et le vent qui vient des montagnes / et la ville tendue de fumées / et tous mes châteaux en Espagne / la voix qui criait Liberté / et les révolutions à faire / et les révolutions manquées / et les révoltes de poussière / et la poussière des années / et les années dans les années / et dans le puits de ma mémoire / un livre d’occasions manquées / ma tête ouverte aux courants d’air / de ce qui me reste d’hivers »
Andrevon, il chante également et c’est vraiment bien (je conseille d’écouter jusqu’à la fin) :