Une heure avec Le loup toqué de Nikolaï Zabolotski, éditions la rumeur libre, traduit par Jean-Baptiste Para. http://www.larumeurlibre.fr/auteurs/nikolai_zabolotski.
C’est une anthologie poétique avec des œuvres qui courent de 1926 à 1958 soit l’ensemble de ses années d’écriture.
J’ai retrouvé dans la première partie l’univers naïvement déjanté qui m’avait séduit dans l’œuvre de son copain Daniil Harms. Sa biographie témoigne des mêmes souffrances liées aux purges staliniennes des années 30 dont les deux auteurs furent victimes. Il raconte dans cette anthologie en quelques pages saisissantes et terrifiantes, comme toujours dans ce genre de récits, l’histoire de son incarcération qui va sensiblement modifier son écriture me semble-t-il.
Dans l’ensemble de textes qu'on peut qualifier de jeunesse et qui donne son titre à l’anthologie Le loup toqué, on lit une sorte de fable où un loup tente de dépasser sa condition avec une force révolutionnaire utopique : « J’ai découvert quantité de lois. / Si vous placez une plante dans un bocal / Et soufflez dessus avec un tube en métal, / La plante s’emplira d’air animal / Et vous verrez sortir une petite tête, / Des menottes, des gambettes, / Et les feuilles se flétriront à jamais. / Grâce à ma force d’âme / J’ai cultivé un petit chien à partir d’une plante / Qui s’est mise à chanter comme une jeune mère. » Cette tentative échoue, le loup toqué meurt, on lui rend hommage, « Nous, les loups, nous poursuivrons là-bas / Ton œuvre éternelle. Cap vers les étoiles. »
Une pointe de mélancolie cachée derrière un absurde avant-gardiste est cependant toujours présent qui va dominer l’écriture à son retour de camp en 1945. « Fais donc tinter tes cloches, carillonneur ! / N’oublie pas que le monde est couvert d’écume et de sang ! / J’ai souhaité reposer à Ravenne, / Mais Ravenne n’était pas le remède non plus. » Continuons à chercher alors.
Si vous avez un moment pour écouter la voix et l'énergie incroyable de Vissotski,
c'est dans le ton https://www.youtube.com/watch?v=x_HhWosCvYc