Une heure avec DéDéTé, « Quand je serai grand, je serai dictateur », à paraître très prochainement chez Gros Textes https://sites.google.com/site/grostextes/publications-2017/dedete.
C’est l’histoire ou plutôt le programme d’un dictateur sympa, d’un tyran qui adore les gens, un despote social révolutionnaire, un dictateur poète parfois tendance L’Anselme dans le jeu de mots : « Je reçois une plainte de la dénommée Mme Nuit. Elle s'insurge contre un mauvais payeur qu'elle transporte depuis longtemps dans son taxi. En d'autres termes : la Nuit en a marre de porter Conseil depuis tant de temps. Surtout qu'il est toujours gris. Je conseille à la Nuit d'aller se coucher. Demain il fera jour. », ou parfois avec un caractère plus universel dans une forme de militantisme poético-loufoque : « La poésie sera dans la rue, dans le lit, sous le lit, dans la cuisine, dans la cave, dans l'atelier, dans le grenier – ah ! Cet espace de la rêverie se raréfie, je donnerai des instructions pour que se bâtissent des immeubles où il n'y aura que des greniers, ils seront le comble des rêves – la poésie donc dans la peau, exceptionnellement dans quelques rares livres, dans le jardin, dans les gestes, dans les actes du quotidien, sur les murs j'écris ton nom, sur la lune, sur tes lèvres, sur le Sourire au pied de l'échelle (ça je l'ai piqué à Henry Miller), dans le partage, dans la solitude, dans les tableaux, dans la musique, dans d'exceptionnelles chansons, dans de singulières danses, dans la chorégraphie du vivant, dans l'espace du réel et de l'imaginaire. »
C’est bourré de petites trouvailles d’un délire délicat qui sait aussi être profond au point de nous rapprocher sans y toucher des idées qu’ont pu distiller les mouvements utopistes et qu’on retrouve dans nombre de discours alternatifs mais proféré avec un voix d’enfant malicieux, déterminé et conscient lorsqu’il conclut l’ouvrage : « Voilà voilà on arrive... à la fin. Quand je serai grand, je serai Dictateur. Mais pour le moment j'ai envie de jouer. Aux indiens, à cause des plumes. C'est léger et c'est joli les plumes, vous trouvez pas ? » Un bouquin qui devrait faire du bien tant la dérision est un salutaire outil de résistance.
Tiens une chanson du dimanche puisqu’on parle de résistance :