Une heure avec le numéro 37/38 de la revue Contre-Allées,
http://pierresel.typepad.fr/la-pierre-et-le-sel/2013/11/revue-contre-all%C3%A9es.html.
L’auteur phare (dont le nom est écrit en rouge sur la couverture) c’est Serge Pey. Je commence par là. La revue aussi notez bien, mais souvent les revues je commence n’importe où, et presque jamais par le début. Serge Pey écrit des tombeaux. C’est un genre littéraire qui parle des morts. Il y a ceux de Charlie en 2015, Maspéro, des copains, sa chienne. Je vais m’arrêter sur la chienne : « Quand je la retrouvais / ses yeux me disaient / qu’on mesurait la poésie / d’une situation / à la quantité de hasards / qu’elle était capable d’unir // Nous étions souvent d’accord / quand nous parlions de philosophie // Je lui présentai un jour / ma montre aux veines ouvertes / cinquante cordes qui descendaient du ciel / et aussi une guillotine comme une boussole / qui décapitait les directions // Ma chienne me disait alors : / La poésie a toujours le devoir d’accomplir / une action qui s’échappe d’elle ».
La mort fait de multiples autres apparitions au fil des pages et des auteurs, le deuil qui ébranle, la vie qui avance avec ses pertes, le noir où se perd la lumière, les morts qui se nourrissent de chicons (dans le nord). Ouf, il y a toujours un coin de cuisine qui résiste nous rappelle Isabelle Pinçon. Mais au final on tourne toujours autour du gouffre puisque le poème aussi est hanté comme les maisons "Poème lieu hanté / mots fantômes de voix / jouant à cache-cache / avec le lecteur" (Christian Garaud). Même lorsque la revue laisse de côté la poésie pour poser une question à laquelle 4 poètes ont répondu : « Inconnus à cette adresse… à qui parle le poème ? ». Alain Guillard répond : « Aux morts qui coagulent en nous. » Voilà voilà voilà.
Et pour finir un petit sourire (noir) par ici : https://www.youtube.com/watch?v=eYjC0pmFtXg