Une heure avec Christian Bulting, « Nico icône des sixties » encore chez Gros Textes. C’est 100 poèmes parfaitement calibrés qui à mes yeux n’en font qu’un tant les vers semblent couler comme eau de Loire se moquant de la fin puisque c’est encore de l’eau. Comme pour Jean-François Dubois (cf article plus bas), l’histoire intime croise la grande, les anonymes côtoient allègrement des célébrités, le délicat poème d’amour n’est jamais loin de l’évocation de massacres, la beauté voisine avec le sordide. Et tout ça a un nom, ben oui, la vie.
« Par un matin de soleil du mois d'août / Et je suis retourné sur tes traces Guillaume / À la pension Constant à Stavelot maintenant / Hôtel « Ô mal aimé » que tu quittas à la cloche / De bois maintenant une plaque commémo / Avec « La chanson du mal aimé » calligraphiée / Sur les murs « Mon beau navire ô ma mémoire » / Et à l'instant même alors que je bois / Une blanche Hoegaarden au-dessus du lac / De Robertville me ramène à toi avec qui / Je bois de la bière printemps été automne / Hiver sur les rives de la Loire quelle fête / À chaque fois tes cheveux tes yeux tes mots / Qui s'enroulent aux miens et nos rires nos rires / Qui nous lavent de la nuit du gris de la vie / Ordinaire de la vie sans amour sans nous / Qui écrivons notre histoire à notre pas / Sans images d'Epinal qu'il s'agirait d'incarner / Mais avec nos vies bancales nos vies amochées / Nous ne voulons plus du moche des coups de poignard / Dans le dos juste les coups de cœur partagés / Tu en aurais eu un pour Monschau en français / Montjoie pour notre plus grande joie un hiver / De neige avec le petit hôtel cosy / Pour abriter nos vies alliées nos corps désirants »