La semaine de Gros Textes n°4 (27 janv. – 2 fév.)
Cette semaine j’ai
Fini de massicoter les bouquins de François Philipponnat et commencé à imprimer celui de Billy Childish (cf semaine dernière et articles plus haut).
Aller encore un poème de ce dernier pour le plaisir et tant pis pour les emmerdeurs.
l’homme qui prétendait ne pas savoir dessiner
par un beau jour de printemps
et sans raison apparente
un grand époux barbu se mit à faire des dessins sales et dégoûtants de sa grosse femme sexy
sauf que dans sa tête c’était pas sa grosse femme sexy qu’il dessinait
mais feue son obèse et tyrannique mère
ce qui rendit les dessins doublement dégueulasses et odieux aux yeux du public
après quoi il passa des heures à tailler ses crayons et les rendre pointus comme des poignards
mais ce qui irrita le plus ses voisins était son absence complète et évidente de remord
ou plus précisément le fait que ce benêt barbu prétende ne pas savoir dessiner
– il faut le faire plier déclarèrent certains
– il faut l’obliger à écouter poliment et attantivement murmurèrent d’autres
sa grosse femme sexy se contenta de regarder par-dessus son épaule et lui colla une beigne dans l’œil
– je vais t’apprendre moi graingalet ! éructa-t-elle
et elle éclata de rire à le voir pisser le sang sur ses pauvres gribouillis
J’ai lu :
Microbe n°81, http://courttoujours.hautetfort.com/sport/
Numéro qui s’ouvre sur ce que je tiens pour 4 petits bijoux d’humour pince sans rire signés Simon Allonneau et ça continue dans le même registre avec d’autres tous/ toutes aussi bon(ne)s. et si on ajoute que dans l’enveloppe il y a aussi une plaquette signée Jacques Sternberg « Le voyageur de commerce », j’espère que vous vous pourléchez les babines. Il s’agit d’une œuvre de jeunesse inédite (1948) déposée à la BN, dans laquelle on retrouve l’ambiance de la plupart des œuvres de cet auteur qui a marqué une époque (il fit beaucoup pour la reconnaissance de la nouvelle, de la SF, d’un certain polar et de l’humour dans l’espace littéraire français, ses anthologies planète sont de véritables merveilles), on retrouve le quotidien poisseux des bourgades de l’après guerre, les pauvres vies de pauvres types et ce sentiment d’absurdité qui plane sur nos têtes avec l’humour en embuscade et le fantastique toujours sous le tapis. Merci Monsieur Dejaeger pour ce rappel.
Jeunet la nuit, la nuit je nais de Frédérick Houdaer, éd. Chiloé, www.cie-chiloe.com
http://jeunet-la-nuit-ciechiloe.blogspot.fr/
La nuit, le rêve, la poésie, la vie…
« C’est quand ? / c’est quand la nuit ? / les tranches horaires officielement déclarées été ou hiver / ne veulent rien dire/ la nuit / n’est pas liée à une histoire de lever ou de coucher de soleil / la nuit/ c’est n’importe quand / mais toujours sur votre gauche / si vous êtes droitier / toujours su votre droite / si vous êtes gaucher / la nuit / c’est quand les bonnes questions viennent gratter à votre porte / et que vous ne craignez pas de leur ouvrir / les mains nues. »
Contre-Allée n°33/34, http://contreallees.blogspot.fr/ , un numéro qui s’ouvre sur une série de poèmes de l’infatigable Werner Lambersy : « dans un coin avec un livre / relu cent fois / absenté / du décompte des siècles et / des minutes / absous / d’être né au mauvais / moment / sauvant de paix / ce qui est encore possible / de beauté ce qui jamais / peut-être ne fut / dans un coin avec un livre / comme on tient contre / les vents / une flamme sous la paume », suit une trentaine de noms avec un choix de textes dont l’ensemble dessine une petite musique poétique propre à cette revue qui fait la part belle aux jeunes auteurs.
Et une chanson pour finir
Un mail de l’ami Jean-Claude Touzeil m’apprend le décès de Luc Romann en début d’année. Je me souviens que je passais en boucle sa chanson « le temps des chevaux » dans ma chambre de cité u à Aix-en-Provence. Au moment où j’apprends que la petite boulangerie du village va tirer son rideau, cette chanson prend un relief particulier pour moi.
Luc Romann est de ces chanteurs bourrés de talent et totalement ignorés des médias. Il faisait les premières parties des concerts de Brassens dans les années 60 et Ferré le rangeait parmi les grands de la chanson.
On peut suivre le lien pour quelques autres chansons et histoires :